Le départ de Noël Mamère, "symbole de la crise" des Verts?

La décision de Noël Mamère de rendre sa carte d'Europe Ecologie - Les Verts fait réagir à gauche.

Noël Mamère quitte Europe Ecologie – Les Verts. Avec son départ, la famille écologiste perd un pilier historique du parti. Le député-maire de Bègles attaque principalement "le clan Duflot", qu’il accuse d’avoir la mainmise sur le parti, et notamment d’avoir aidé à pousser Pascal Durand vers la sortie.

Un système que dénonce également Daniel Cohn-Bendit dans sa chronique sur Europe 1. "Je partage le ras-le-bol sur le fonctionnement, le clanisme, les couples terrifiants qui règnent sur EELV. Noël Mamère est un radical écologiste après avoir été un journaliste engagé, radical. C'est un humaniste", explique l’eurodéputé, qui a lui aussi quitté le parti en décembre 2012. "L'écologie politique, face aux crises auxquelles nous sommes confrontés, cherche ses marques, ses repères. Je crois que Noël Mamère est l'expression aujourd'hui de ce désarroi. Il le symbolise."

La crise chez les Verts, "une bonne opportunité"?

Nicolas Hulot, ancien candidat à la primaire écologiste en 2011, voit lui aussi dans ce départ le signal d'une "forme de crise. Cela peut être une bonne opportunité à partir du moment où on n’esquive pas les questions importantes (...) Les écologistes politiques doivent se demander pourquoi ils sont si peu audibles dans la société, mais de façon apaisée. Dans le fond, on voit qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas très bien."

Plus pragmatique, le patron des députés écologistes François de Rugy voit dans le départ de Noël Mamère "un micro-évènement". "C'est une décision regrettable", mais il souligne également les contradictions de son discours. "On est habitués aux déclarations tonitruantes de Noël Mamère", a-t-il expliqué sur BFMTV, "ce sont des déclarations personnelles et souvent excessives. Il a été élu sur la base d'un accord avec le PS en juin 2012 mais cela ne l’empêche pas de critiquer le travail d'EELV sur la stratégie collective de participation au gouvernement."

"Et puis il annonce qu'il va rester dans le groupe écologiste à l'Assemblée", poursuit François de Rugy, "ce qui prouve qu'il se sent toujours écologiste. Moi, je vais continuer à travailler à l'Assemblée avec Noël Mamère sur les projets de loi."

PS et Front de gauche tendent la main

Quant au reste de la gauche, il n'hésite pas à tendre la main à Noël Mamère. Anne Hidalgo, qui semble ignorer les désaccords entre le député-maire de Bègles et la politique du gouvernement, l'a invité mardi matin "à rejoindre le PS". "Les portes sont grandes ouvertes", a-t-elle affirmé sur iTélé.

Elles semblent l'être également du côté du Front de gauche. Son patron Jean-Luc Mélenchon "forme le voeu que Noël Mamère entende nos appels à la formation d'une alliance alternative à gauche", écrit-il dans un communiqué. Et de conclure sous la forme d'une main tendue: "A bientôt peut-être Noël, Eva et vous autres nos camarades rebelles et têtes dures."

Ariane Kujawski