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Europe Ecologie les verts

L'invitation du rappeur Médine aux universités d'été d'EELV continue de déchirer les écologistes

Le rappeur normand Médine Zaouiche, alias Médine, à Gronfreville-l'Orcher, en Seine-Maritime, le 24 mars 2023

Le rappeur normand Médine Zaouiche, alias Médine, à Gronfreville-l'Orcher, en Seine-Maritime, le 24 mars 2023 - LOU BENOIST © 2019 AFP

Le rappeur Médine, accusé d'antisémitisme après un tweet ciblant l'essayiste Rachel Khan, est convié aux universités d'été d'EELV. Certains élus ont rendu leur carton d'invitation en protestation.

C'est une invitation dont certains écologistes se seraient bien passés. Le rappeur Médine est attendu ce jeudi aux universités d'été d'Europe Écologie Les Verts (EELV) qui se tiendront les 24, 25 et 26 août, au Havre. Mais un message jugé antisémite de l'artiste divise au sein du parti. Plusieurs cadres bouderont ainsi la rencontre.

Le rappeur a qualifié début août l'essayiste Rachel Khan de "ResKHANpée", alors que cette dernière est juive et petite-fille de déportés. Après un premier tollé, Médine s'était expliqué sur une "formule pas adaptée" et avait présenté ses excuses.

"Le combat contre l’antisémitisme, contre l’islamophobie et toutes les discriminations mérite mieux que des anathèmes sur Twitter", a-t-il affirmé le 11 août.

Des excuses qui passent mal

Mais la situation ne désenfle pas pour autant. Certains élus, plutôt verts de rage, ont annoncé rendre leur carton d'invitation à Marine Tondelier. Les deux derniers en date, Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, et Jeanne Barseghian, la maire de Strasbourg.

Les raisons invoquées pour justifier leurs annulations varient cependant d'un certain degré. Le premier cite la crise que traverse une partie du territoire en raison de la canicule.

"A l'heure où l’urgence climatique nous rappelle cruellement la nécessité de solutions impérieuses, nous avons trop de défis à relever pour nous disperser dans de vaines polémiques (...) Soyons clairs: l’antisémitisme, d’où qu’il vienne, est une infamie à combattre", a-t-il expliqué dans un communiqué.

L'édile fixe ainsi comme sa "priorité" de ne pas quitter l'agglomération bordelaise, actuellement en vigilance orange canicule. Mais jamais le nom "Médine" n'y est clairement cité

Pour la maire de Strasbourg, qui a annoncé à BFM Alsace ne pas se déplacer, la présence de Médine est directement mise en exergue.

"Il y a eu beaucoup de débats en interne. J'ai plaidé pour qu'on puisse annuler l'invitation du rappeur Médine qui me semble être un personnage très ambigu, qui aime la provocation, qui tient des propos qui m'ont personnellement heurtée", a expliqué Jeanne Barseghian.

Les excuses mises en avant par l'artiste n'ont par ailleurs pas suffi à calmer les doutes de la femme politique. "Ce qui m'a choquée, c'est notamment son tweet à l'adresse de Rachel Khan. Il s'en est excusé derrière, mais je considère que c'est quelqu'un qui n'est pas clair sur cette question", a-t-elle ajouté.

Ces positions s'alignent sur celles de deux autres figures écologistes qui s'étaient déjà clairement prononcées contre l'invitation du rappeur polémique. Dès le 18 août, l'eurodéputée Karima Delli avait ainsi annoncé son boycott de la rencontre. "Je ne peux soutenir et encore moins cautionner l'invitation de Médine. Oui, fallait pas l'inviter", avait pris parti la femme politique.

Le même jour, Noël Mamère, candidat à la présidentielle de 2002 sous l'étiquette des verts, avait marqué son rejet au micro de France Inter. Selon lui cette invitation donne du grain à moudre à "ceux qui [les] traitent d'islamo-gauchistes".

Le bénéfice du doute pour d'autres

Mais certains élus écologistes jouent plutôt la balle au centre. C'est le cas du maire de Lyon Grégory Doucet, invité sur RTL ce mardi matin. Il reconnaît un tweet "extrêmement maladroit" qui "n'aurait pas dû avoir lieu". Mais il maintient sa venue au Havre.

"Je vais aller écouter ce que Médine a à dire et je me ferai ma propre opinion à ce moment-là", a tranché le lyonnais.

Cette position est partagée à un certain degré par Sandrine Rousseau. Invitée sur BFMTV ce mardi, elle a confirmé considérer le message de Médine comme antisémite. Mais son antisémitisme, au-delà du seul tweet, mérite d'être "testé" pendant les journées d'été.

Polémique ou pas, elle estime que les élus ont "le droit" de se rendre à un événement organisé par leur parti. "J'aurais réfléchi au fait qu'il ne vienne pas", a-t-elle ajouté.

Marine Tondelier inflexible

Ces annulations de dernière minute ne font pas bouger Marine Tondelier. Questionnée par Le Parisien sur le maintien de Médine "malgré les voix qui demandent son retrait" la secrétaire nationale d'EELV a esquivé la question. Le choix avait-il été mûrement réfléchi chez les Verts?

La journée de jeudi servira de galop d'essai au rappeur, également attendu samedi au rassemblement estival de La France Insoumise. Une présence qui semble, au sein de LFI, générer moins de discorde.

Tom Kerkour