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Europe Ecologie les verts

Hollande a-t-il réussi à tuer EELV?

Emmanuelle Cosse, qui a quitté la tête d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) pour rejoindre le gouvernement, a "trahi" ses "convictions" et "une certaine forme de radicalité", a jugé David Cormand, son successeur intérimaire à la tête du parti écologiste.

Emmanuelle Cosse, qui a quitté la tête d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) pour rejoindre le gouvernement, a "trahi" ses "convictions" et "une certaine forme de radicalité", a jugé David Cormand, son successeur intérimaire à la tête du parti écologiste. - Charly Triballeau - AFP

Une main tendue à l'écologie ou une manœuvre pour torpiller EELV? Avec l'entrée de trois écologistes au gouvernement François Hollande continue de tuer à petit feu le parti vert.

La prise de guerre est forte. François Hollande a réussi la prouesse de faire entrer au gouvernement la patronne d'EELV, Emmanuelle Cosse, contre l'avis de son parti. "On est tombé des nues" à la direction d'EELV, a reconnu vendredi sur BFMTV le porte-parole Julien Bayou. Quelques minutes après sa nomination, Emmanuelle Cosse a officialisé son départ d’EELV. Le chef de l'Etat affaiblit ainsi encore plus un parti divisé depuis de longs mois sur sa participation ou non au gouvernement.

Le président a également fait entrer deux dissidents d'EELV. Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili se sont présentés ces derniers mois comme des "réformistes", d'autres les ont taxés d'opportunistes.

Alors que Cécile Duflot et Pascal Canfin ont claqué la porte du gouvernement en avril 2014, jugeant que les conditions n'étaient pas réunies pour faire progresser l'écologie dans le gouvernement Valls, ils ont eux défendu, coûte que coûte, la présence des écolos au sein de l'exécutif.

La même stratégie que Mitterrand?

Cette rupture sur la présence ou non des Verts au gouvernement Valls a conduit plusieurs membres du parti, comme Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili ou François de Rugy, à quitter EELV pour fonder "Ecologistes!", une composante de l'Union des écologistes (UDE), avec le Front démocrate, un parti écolo-centriste proche du PS.

"Une manière de rejouer, plus de vingt ans après, le 'coup' de Génération écologie", selon Le Monde. François Mitterrand avait alors suscité le lancement de ce petit parti écologiste pour diviser les voix des Verts avant les élections régionales de 1992.

"François Hollande continue son travail de sape d'EELV, c'est toujours plus facile que de faire vraiment de l'écologie", réagissait amère l'eurodéputée EELV Karima Delli jeudi.

"François Hollande cherche à tuer tout ce qui peut représenter une alternative écologiste ou de gauche. Il est dans une démarche d’anéantir tout ce qui est entre lui et Mélenchon", estime le nouveau patron par interim d’EELV, David Cormand.

Des trous dans l'organigramme

Il va leur falloir maintenant remplir les trous laissés dans l'organigramme. Le parti Vert doit maintenant se trouver un nouveau patron à la tête du parti (à la place de Cosse), pour représenter le groupes au Sénat (à la place de Placé), ainsi qu'à l'Assemblée nationale (à la place de Pompili et aux côtés de Duflot)

Pour sauvegarder l'existence de leur groupe, qui donne un poids politique et des moyens humains et financiers, certains évoquent le débauchage d'un sénateur ami, ce qui permettrait aux écologistes de rester dix au Sénat.

"La fin d'un cycle"

"On arrive à une fin de cycle y compris pour nous (EELV) où depuis un an, on était déchirés sur la question de la participation", a expliqué vendredi David Cormand.

"Cette question-là, elle est soldée. Maintenant il y a deux options: soit on attend l'après-catastrophe annoncée de 2017 pour reconstruire, soit on s'organise avant. Moi je suis favorable à ce que la reconstruction, la reconquête, y compris avec l'écologie politique comme colonne vertébrale de cette reconstruction, commence dès maintenant", a-t-il dit, qualifiant au passage Jean-Luc Mélenchon d'"idiot utile" de François Hollande.

Interrogé pour savoir si le remaniement signait la mort du parti, Julien Bayou a répondu vendredi sur BFMTV qu'ils devaient "se réinventer". "EELV est mort, vive EELV ou un autre nom, une autre plateforme", a-t-il poursuivi. Et il semblait déjà regarder ailleurs.

Julien Bayou était de retour de Berlin où il avait participé au lancement autour de Yanis Varoufakis du nouveau mouvement européen, Diem25 pour "Democracy in Europe mouvement 2025".