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Duflot à Mélenchon: "L'Allemagne n'est pas notre ennemie"

Cécile Duflot, ici à l'Assemblée, s'adresse à Jean-Luc Mélenchon dans une tribune publiée mardi soir.

Cécile Duflot, ici à l'Assemblée, s'adresse à Jean-Luc Mélenchon dans une tribune publiée mardi soir. - Loïc Venance - AFP

L'ancienne ministre s'adresse à Jean-Luc Mélenchon dans une tribune publiée par Libération. Elle lui reproche de se "tromper lourdement" dans son "pamphlet", sorti le 7 mai dernier.

L'entente affichée ces derniers mois entre Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon se fissure. Dans une tribune publiée par Libération, l'ancienne ministre écologiste s'adresse au leader du Parti de gauche et lui reproche le ton "revenchard" employé dans son ouvrage sorti le 7 mai, Le hareng de Bismarck. "Nous partageons suffisamment de combats, de colères et d'espoirs pour que nous puissions nous dire les choses franchement. Tes harengs, Jean-Luc, me restent en travers de la gorge", écrit-elle, "je pense que t'exprimant ainsi tu te trompes lourdement".

"La première erreur est psychologique: l'invective n'est pas le meilleur moyen de se faire entendre d'un peuple", explique Cécile Duflot. La deuxième erreur "est de nature politique. Affairé à ta démonstration, tu sembles méconnaître soudain la complexité allemande", ajoute-t-elle. "Enfin, tu sembles donner un poids démesuré au passé dans la construction de l'avenir. L'Allemagne n'est pas notre ennemie. Elle ne l'est plus", continue la députée. "L'Europe doit être réorientée au bénéfice des peuples et non des marchés. Rien ne doit nous divertir de cette tâche. Ni la soumission à l'ordre établi, ni le goût immodéré pour l'auscultation de cicatrices trop fraichement cautérisées encore pour que l'on joue avec", écrit Cécile Duflot.

Une conception de la nation "trop étroite"

L'ancienne ministre rappelle son meeting commun avec Jean-Luc Mélenchon pour soutenir Syriza en Grèce. "Notre slogan de ralliement était une 'autre Europe est possible', et pas 'à bas l'Allemagne!'".

Qualifiant l'ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle d'"animal politique" "doué" et d'"intellectuel avisé", Cécile Duflot soupçonne dans ses propos "une stratégie de conquête des coeurs". "En mettant ta critique de l'Allemagne au diapason de la nostalgie identitaire, tu penses peut-être de bonne foi détourner la colère populaire des sirènes national-populistes. Il n'en sera rien", estime-t-elle. "Nous ne partageons pas la même vision de notre nation, de l'identité politique de notre pays. Ta conception de la nation française me semble trop étroite, trop corsetée dans une vision hexagonale sépia", écrit-elle aussi.

Une tribune qui a aussitôt fait réagir Jean-Luc Mélenchon. Sur Twitter, il invite Cécile Duflot à "lire le livre préfacé par Daniel Cohn-Bendit: Non à l'Europe allemande. C'est Merkel ou moi l'ennemi?"

Alexis Corbière, proche de Jean-Luc Mélenchon et secrétaire national du Parti de gauche, n'a pas apprécié lui non plus, et accuse Cécile Duflot de "cotiser deux fois pour le gouvernement PS".

A. K. avec AFP