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Europe Ecologie les verts

Départ de Mamère: "EELV fait face à un problème stratégique"

La ministre du Logement, Cécile Duflot, à la sortie du conseil des ministres le 25 septembre.

La ministre du Logement, Cécile Duflot, à la sortie du conseil des ministres le 25 septembre. - -

Le positionnement d'Europe-Ecologie-Les-Verts vis à vis de François Hollande et du gouvernement de Jean-Marc Ayrault est au coeur des tensions qui agitent le parti. Pour autant, le politologue Paul Bacot ne croit pas à un risque majeur d'explosion tant que l'ancrage à gauche du mouvement n'est pas menacé.

"Je ne reconnais pas le parti que j’ai représenté à la présidentielle de 2002": Noël Mamère a décidé mercredi de quitter Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV). Sa décision s’inscrit dans une période trouble pour les écologistes puisque le secrétaire national du mouvement a préféré se retirer. Au cœur des tensions? La position à adopter vis-à-vis du gouvernement socialiste. Daniel Cohn-Bendit ou encore Jean-Luc Mélenchon -"Bienvenue au club des sans muselières" - partagent plus ou moins ce positionnement et ont déjà apporté leur soutien à cette décision.

Quelles peuvent-être les conséquences pour EELV de ce nouveau départ d’un cadre historique? Eléments de réponse avec Paul Bacot, politologue à l’IEP de Lyon.

Retrait de Pascal Durand, départ de Noël Mamère, EELV est-il un mouvement au bord de l’explosion à six mois des élections municipales et européennes?

C’est l’histoire de ce parti qui veut qu’il s’y passe des retournements de situation et des départs à grand fracas. Quant aux échéances à venir, les électeurs accordent finalement assez peu d’importance à ce type de péripéties. Heureusement, finalement, pour l’UMP, le PS, le Modem ou le Front de Gauche qui connaissent régulièrement ce genre de situations. Les municipales restent un scrutin local dépendant principalement des alliances nouées et de circonstances locales. L’influence des affrontements de leaders nationaux reste marginale.

"Les vrais patrons ce sont ceux qu’on appelle ‘la firme’, Cécile Duflot et ses amis", a dit Noël Mamère au Monde

La "firme" c’est un terme très connoté, ça sous-entend une puissance économique et financière. Alors même si un parti politique peut être considéré comme une entreprise, c’est négatif et l’effet est voulu par Noël Mamère.

EELV serait-il menacé par une forme de libéralisation?

Le départ de Noël Mamère ne menace absolument pas l’ancrage à gauche des Verts français. Sa position se rapproche de celle du Front de gauche, dans une recherche de confrontation avec la politique menée par le gouvernement. Même au centre d’ailleurs, Jean-Luc Bennhamias (Vert rallié au Modem de François Bayrou, NDLR) a exclu de s’impliquer en cas de fusion avec l’UDI de Jean-Louis Borloo.

Quel est donc le problème d’EELV?

EELV fait face à un problème stratégique, de positionnement vis-à-vis du gouvernement. Certains participent, d’autres souhaitent conserver une distance et estiment que Jean-Marc Ayrault et son équipe n’en font pas assez. Mais, encore une fois, les Verts restent proches de la gauche et il n’est pas question d’une alliance avec l’UMP. Par exemple, et même si cela semblait bien peu vraisemblable, en Allemagne une alliance conservateurs/écolos a été évoquée. Ce n’est pas le problème en France.

L’autre principal souci c’est qu’EELV peinerait à exister seul, sans accord avec les socialistes. En raison du système de scrutin français, l’isolement serait fatal alors, quitte à choisir la gauche, pourquoi ne pas participer au gouvernement… A chaque départ d’historiques, les chefs en place tentent de prendre la main, nous verrons ce que décideront Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé pour l’avenir.

Propos recueillis par Samuel Auffray