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Eric Besson veut fabriquer de "bons Français"

Le ministre de l'Immigration Eric Besson assure qu'une des missions de son ministère est de fabriquer de "bons Français" et que le gouvernement n'a pas stigmatisé les Roms. /Photo prise le 24 septembre 2010/REUTERS/Regis Duvignau

Le ministre de l'Immigration Eric Besson assure qu'une des missions de son ministère est de fabriquer de "bons Français" et que le gouvernement n'a pas stigmatisé les Roms. /Photo prise le 24 septembre 2010/REUTERS/Regis Duvignau - -

PARIS (Reuters) - Eric Besson assure qu'une des missions de son ministère est de fabriquer de "bons Français" et que le gouvernement n'a pas...

PARIS (Reuters) - Eric Besson assure qu'une des missions de son ministère est de fabriquer de "bons Français" et que le gouvernement n'a pas stigmatisé les Roms.

Les propos du ministre de l'Immigration, dans un entretien au journal Le Parisien, relancent un débat passionné alors que les députés commencent mardi l'examen du projet de loi "immigration, intégration et nationalité".

Ce texte controversé, présenté par Eric Besson, reprend les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy à Grenoble, où le chef de l'Etat avait lié immigration et délinquance.

Il élargit la liste des motifs de déchéance de nationalité pour les Français récemment naturalisés et comporte des mesures relatives aux campements illicites et qui visent à faciliter l'expulsion de ressortissants de l'Union européenne, comme les Roms.

"Si cela vous choque que des étrangers deviennent de "bons petits Français", moi je trouve que c'est une excellente nouvelle", déclare Eric Besson au Parisien.

"Etre des "bons Français", ça ne veut pas dire renier son histoire, ses origines ou sa culture françaises", poursuit le ministre avant d'ajouter: "Si mon ministère peut être une machine à fabriquer de bon Français, je serais très heureux."

Le ministre évoque également dans l'entretien la politique française à l'égard des Roms. Celle-ci a provoqué un tollé et de très vifs échanges entre Paris et la Commission européenne, qui a accusé les autorités de cibler une communauté en particulier.

Eric Besson rejette cette idée mais confirme que les autorités lient les campements avec les problèmes de sécurité.

"LIEN ENTRE CAMPEMENTS ILLÉGAUX ET DÉLINQUANCE"

"Il n'y a pas de stigmatisation", affirme-t-il.

"L'idée que parce que vous êtes 200, vous allez occuper illégalement un terrain, de force, est inacceptable", poursuit le ministre. "Dans tous les campements qui ont été démantelés, plus des deux tiers des occupants sont des nomades français."

Il concède néanmoins que les expulsions de Roms, notamment vers la Roumanie ou la Bulgarie, se sont accélérées depuis août et affirme que des mesures vont être prises pour empêcher le retour des Roms renvoyés dans leur pays d'origine.

"Je le dis avec précaution (...) mais le lien entre ces campements illégaux et la délinquance a été établi par le ministère de l'Intérieur", dit encore Eric Besson.

Interrogé sur la possibilité de déchoir de leur nationalité les personnes naturalisées depuis moins de 10 ans lorsqu'elles ont causé la mort d'un dépositaire de l'autorité publique, soit volontairement soit du fait du fait de violences ayant entraîné la mort, Eric Besson concède qu'il s'agit d'un "symbole".

"Tant mieux si cela ne va en effet concerner que très peu de personnes. Mais c'est une sanction qui a une portée symbolique et républicaine lourde", souligne-t-il.

Cette mesure, si elle est adoptée par le parlement, devra encore franchir l'obstacle du Conseil constitutionnel qui, au nom du principe d'égalité devant la loi, n'a jusqu'à présent autorisé la déchéance de nationalité que pour des faits qualifiés de terroristes.

Cette loi compte près de 90 articles sur lesquels ont été déposés quelque 500 amendements et son caractère polémique pourrait donner lieu à une nouvelle passe d'armes entre majorité et opposition, après celle du débat sur les retraites.

Ancien socialiste, Eric Besson ne cache rien de son attachement à sa nouvelle famille politique.

"Le chef de l'Etat, c'est devenu un ami", dit-il.

Grégory Blachier, édité par Patrick Vignal