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Politique

Emmanuel Macron, leader climatique au bilan environnemental contesté

Emmanuel Macron a essayé d'apparaître, ce lundi, comme le chef de file de la défense de l'environnement au niveau mondial, lors du sommet sur l'urgence climatique organisé par l'ONU. Mais les paroles du chef de l'Etat ne reflètent pas ses actions selon des militants écologistes.

"Je compte sur chacun d'entre vous. Des actes, des actes, des actes!" Emmanuel Macron s'est exprimé avec une certaine ferveur, ce lundi, lors d'un sommet sur l'urgence climatique organisé par l'Organisation des Nations Unies (ONU) à New York.

Au cours de son intervention, le président français a essayé d'apparaître comme le chef de file de la défense de l'environnement, appelant, par exemple, tous les pays à "aller vers la neutralité carbone en 2050", comme l'ont annoncé le Chili et le Japon. Selon lui, l'Europe "doit faire plus" sur ce sujet et "prendre des décisions très claires dès 2020". Il s'est aussi félicité de la récente ratification de l'accord de Paris par la Russie. 

Le chef d'Etat a détaillé les actions de la France dans le combat climatique, indiquant "avoir arrêté toute nouvelle exploration d'hydrocarbures" et que "les dernières centrales à charbon auront fermé leur porte avant 2022". Il s'est également dit n'être "plus favorable au renforcement ou à de nouvelles ouvertures de négociations commerciales avec des pays qui sont en contradiction avec l'accord de Paris".

"La France est en contradiction avec ces belles paroles"

Mais ce costume de leader mondial sur la question climatique qu'endosse Emmanuel Macron n'est pas vraiment du goût des ONG. Clément Sénéchal, porte-parole de Greenpeace France, affirme ce lundi sur notre plateau que, par rapport à tout ce qu'a évoqué le président français pendant son discours, "la France est en contradiction avec ces belles paroles au niveau domestique". 

Il prend l'exemple de la volonté du chef d'Etat d'avoir un agenda commercial compatible avec l'accord de Paris, à savoir réduire les négociations commerciales avec les pays qui ne le respecterait pas. Pour Clément Sénéchal, la signature du CETA, le traité de libre-échange conclu entre l'Union européenne et le Canada, a été faite "sans garde-fou climatique". Or, il s'agit selon lui d'un pays "qui ne respecte pas ses objectifs climatiques et qui n'est donc pas dans les clous de l'accord de Paris". 

"Emmanuel Macron a parlé de rehausser les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 pour atteindre 55%. Or, on vient de voter une loi en France qui entérine une réduction d'au moins 40% en 2030, donc on défend le statu quo. On s'était pourtant engagés à rehausser ces engagements avant la mise en oeuvre de l'accord de Paris, qui interviendra l'année prochaine", a également dénoncé le porte-parole de Greenpeace.

Ce dernier fait référence au projet de loi relatif à l'énergie et au climat, adopté en juin dernier par l'Assemblée nationale, et examiné cette semaine au Sénat. Le texte prévoit ainsi une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici à 2030

Une plainte de 16 jeunes dont Greta Thunberg

Les actes d'Emmanuel Macron sur le plan climatique ont également été remis en question par 16 jeunes, dont Greta Thunberg, qui ont annoncé ce lundi vouloir porter plainte contre l'inaction de dirigeants politiques comme une atteinte à la convention de l'ONU sur les droits de l'enfant.

Bien que les dirigeants du monde aient signé cette convention il y a 30 ans, par laquelle ils s'engagent à protéger la santé et les droits des enfants, "ils n'ont pas tenu leurs engagements", a déclaré l'égérie suédoise du climat, en marge du sommet sur le climat de l'ONU lors duquel elle a à nouveau dénoncé l'inaction des dirigeants face à l'urgence climatique.

Pratiquement, cette plainte inédite déposée par 16 jeunes, âgés de 8 à 17 ans et venus de 12 pays, avec l'aide du cabinet international d'avocats Hausfeld et la bénédiction de l'Unicef, vise cinq pays pollueurs: la France, l'Allemagne, l'Argentine, le Brésil et la Turquie. Elle s'inscrit dans le cadre d'un "protocole optionnel" méconnu de la convention: il autorise depuis 2014 des enfants à porter plainte devant le comité des droits de l'enfant de l'ONU, s'ils estiment que leurs droits sont bafoués.

Clément Boutin