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Politique

Embellie budgétaire embarrassante pour l'exécutif

L'embellie budgétaire constatée en juillet devrait pousser les autorités françaises à réduire leur prévision de déficit, disent des économistes, mais des obstacles politiques pourraient les en dissuader. Annoncer la découverte d'une "cagnotte" pourrait ai

L'embellie budgétaire constatée en juillet devrait pousser les autorités françaises à réduire leur prévision de déficit, disent des économistes, mais des obstacles politiques pourraient les en dissuader. Annoncer la découverte d'une "cagnotte" pourrait ai - -

par Jean-Baptiste Vey PARIS (Reuters) - L'embellie budgétaire constatée en juillet devrait pousser les autorités françaises à réduire leur prévision...

par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - L'embellie budgétaire constatée en juillet devrait pousser les autorités françaises à réduire leur prévision de déficit, disent des économistes, mais des obstacles politiques pourraient les en dissuader.

Annoncer la découverte d'une "cagnotte" pourrait ainsi conforter ceux qui demandent au gouvernement d'adoucir sa réforme des retraites, tout en privant ce dernier de marge de man?uvre pour l'élaboration du budget 2011, année qui précèdera les élections présidentielle et législatives de 2012.

Le risque d'un ralentissement de la croissance au second semestre peut aussi inciter à la prudence car des mesures d'austérité supplémentaires pourraient alors être nécessaires pour que la France remplisse ses engagements budgétaires.

Le gouvernement prévoit que le déficit public atteindra 8,0% du PIB fin 2010, après 7,5% en 2009, mais le ministère du Budget a annoncé mercredi une nette amélioration de sa principale composante, le déficit de l'Etat.

"Il est probable que le gouvernement réduira son objectif de déficit public lorsqu'il présentera le budget 2011", estime Dominique Barbet, économiste de BNP Paribas, qui prévoit 7,8%.

"Je pense que le gouvernement pourrait annoncer quelque chose comme ca", a-t-il dit à Reuters. "Je pense que même à 7,8%, c'est une estimation qui serait conservatrice."

"PAS LE MOMENT D'ANNONCER DES CAGNOTTES"

Selon Gilles Moec, de Deutsche Bank, "à 8%, l'objectif pour 2010 n'était guère ambitieux et je pense qu'ils comptaient déjà sur un meilleur résultat".

"Je m'attends à ce que le déficit soit plus proche de 7% que de 8%", a-t-il dit à Reuters. "Cela donne un peu d'espace pour l'an prochain car le point de départ est meilleur."

Une différence d'un point de PIB pour le déficit correspond à environ 20 milliards d'euros, soit le double des objectifs de réduction de niches fiscales et sociales du gouvernement en 2011.

Laurence Boone, économiste de Barclays Capital, estime pour sa part que les chiffres publiés mercredi sont "en ligne avec notre projection d'un déficit public à 7,5% du PIB cette année".

La France s'est engagée devant ses partenaires européens à mettre en ?uvre le plan de redressement budgétaire le plus ambitieux dans le pays depuis au moins un demi-siècle, avec un déficit réduit à 6,0% en 2011, 4,6% en 2012 et 3,0% en 2013.

L'incertitude sur la conjoncture des prochains mois peut inciter l'exécutif à conserver sa prévision de croissance, mais c'est surtout le climat politique qui pourrait peser.

"Dans le contexte actuel, Nicolas Sarkozy a intérêt à garder les bonnes nouvelles sous le coude", explique Gaël Sliman, de l'institut de sondages BVA.

L'annonce d'un surplus de recettes aiderait les opposants à la réforme des retraites et pourrait pousser le gouvernement à revoir ses ambitions à la baisse, souligne-t-il.

"Ce n'est pas le moment d'annoncer des 'cagnottes', c'est certain. Une fois que la réforme des retraites sera passée, que le remaniement aura eu lieu, là ca tombera très bien", dit-il.

La découverte d'une plus-value de recettes avait fragilisé le gouvernement socialiste de Lionel Jospin il y a dix ans, l'opposition d'alors lui reprochant de ne pas affecter cette "cagnotte" à la réduction des déficits.

Selon le ministère du Budget, le déficit de l'Etat s'établissait à 93,1 milliards d'euros fin juillet contre 108,8 milliards un an plus tôt.

Au 31 juillet, les dépenses atteignaient 236,1 milliards d'euros contre 215,2 à la même date en 2009, une hausse due en partie aux compensations versées après la suppression de la taxe professionnelle qui atteignent 18,5 milliards à fin juillet.

Les recettes ont progressé de 19,4% pour atteindre à 159,7 milliards fin juillet contre 133,8 un an plus tôt, les recettes fiscales augmentant de 23,9 milliards à 146,9 milliards.

L'impôt sur les sociétés, dont le produit s'était effondré en 2009 sous l'effet de la crise, a bondi de 296%.

avec Marc Joanny, Vicky Buffery et Dan Flynn, édité par Yves Clarisse