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Voeux présidentiels à répétition: pourquoi François Hollande s'est plié à l'exercice

François Hollande lors des voeux aux armées le 14 janvier 2016 à Saint-Cyr

François Hollande lors des voeux aux armées le 14 janvier 2016 à Saint-Cyr - Damien Meyer - AFP

Dix fois au cours du mois de janvier 2016, François Hollande a présenté ses voeux. Si leur impact sur l'opinion est incertain, le président de la République a ainsi tracé la feuille de route politique de l'année et lancé des dispositifs à horizons variés, pour près de dix milliards d'euros. Les questions de sécurité dans cette période post-attentats étaient omniprésentes.

31 décembre 2015: les radios généralistes, TF1, France 2, France 3, M6 et les chaînes d'information en continu, BFMTV en tête, interrompent leurs programmes pour diffuser les voeux de François Hollande aux Français. En janvier, le président de la République a renouvelé neuf fois l'exercice devant différents publics, de la jeunesse aux armées en passant par les Corréziens, dans son fief de Tulle.

Début février, on peut désormais s'interroger: ces prises de parole en hommage à l'année qui débute, comme des offrandes dans l'attente de jours meilleurs, sont-elles utiles?

"Les messages de vœux permettent au chef de l'Etat de s'exprimer dans un cadre rituel. La parole du président de la République, parce qu'il s'agit des vœux, est donc plus légitime à ce moment qu'en d'autres circonstances", explique Jean-Marc Leblanc, maître de conférences en sciences du langage l'Université Paris-Est Créteil et auteur d'une thèse sur le sujet.

Feuille de route politique

Ainsi, on peut voir dans les discours prononcés à ces occasions par François Hollande la feuille de route de l'année à venir. Dans une enquête publiée vendredi, L'Opinion rapporte que lors des voeux, le chef de l'Etat a multiplié les annonces et les dépenses, pour dix milliards d'euros supplémentaires, parfois à des échéances qui vont au-delà de la prochaine élection présidentielle.

Feuille de route donc, mais aussi mise en route de la campagne en vue de briguer un nouveau mandat sur le refrain du "regardez ce que nous avons mis en oeuvre, laissez-nous poursuivre".

A ce titre, Jean-Marc Leblanc pointe que "les cérémonies de vœux ne sont pas spécifiques à l'exécutif national. On peut mentionner les cérémonies de vœux des conseils départementaux, des conseils régionaux, des conseils municipaux." Et si à l'étranger aussi la pratique existe, ni Barack Obama, ni David Cameron, ni Angela Merkel ne s'expriment à plusieurs reprises et encore moins devant des catégories spécifiques de citoyens.

"Un moment privilégié pour le chef de l'Etat"

C'est "un moment privilégié pour le chef de l'Etat de s'exprimer sur des sujets de son choix tout en consolidant son image", explique Jean-Marc Leblanc, dont les études ne portent pas spécifiquement sur le président actuel. Justement, en janvier 2015, se sont entrechoqués les voeux et les commémorations en hommage aux victimes de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher, dans un contexte toujours plombé par les attentats du 13 novembre à Paris et au Stade de France.

La réforme constitutionnelle, tant décriée à gauche notamment autour de la question de la déchéance de la nationalité, la sécurité mais aussi le sentiment d'appartenance à la Nation sont revenus dans chacune des interventions du chef de l'Etat. Les voeux et leur large diffusion médiatique comme sur les réseaux sociaux offrent une "caisse de résonance" importante aux mots du président de la République, juge Jean-Marc Leblanc, qui estime ainsi qu'en "aucun cas on ne peut considérer que la pratique soit dépassée".

Pourtant, quelques jours après les voeux aux Français, 63% des Français interrogés disaient à BVA ne pas avoir été convaincus par François Hollande. "C'est précisément parce que la parole présidentielle peut être parfois contestée", insiste le spécialiste, "qu'il est important pour le chef de l'Etat de s'exprimer dans ces circonstances particulières que sont les voeux".