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Un encadrement militaire des mineurs délinquants à Mayotte? Ce que proposait Emmanuel Macron

Emmanuel Macron en déplacement à Mayotte le 22 octobre 2019.

Emmanuel Macron en déplacement à Mayotte le 22 octobre 2019. - SAMUEL BOSCHER / AFP

En déplacement sur l'île, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé sa volonté d'avoir recours à l'armée pour "rééduquer" certains jeunes. Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron n'avait évoqué que brièvement le sujet.

En déplacement à Mayotte, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a proposé ce lundi d'encadrer militairement les jeunes délinquants qui sévissent sur l'île, afin de les "rééduquer". "Et pourquoi pas le bagne de Cayenne aussi?", s'est insurgé le député insoumis Bastien Lachaud sur Twitter.

Mais Gérald Darmanin l'a assuré, cette proposition n'est pas entièrement la sienne. "Dans la campagne du président de la République, il y avait une proposition: un encadrement militaire pour les jeunes délinquants", a-t-il affirmé lors de l'interview qu'il a accordée à la chaîne de télévision Mayotte La 1ère.

D'ailleurs, c'est Emmanuel Macron lui-même qui aurait donné son accord pour l'ouverture d'un premier centre de ce type à Mayotte, où la délinquance est "hors norme", comme l'avait indiqué l'Insee en 2021.

"J'ai échangé avec le président de la République aujourd'hui. L'un des premiers centres d'encadrement militaire qu'il proposera, c'est-à-dire pour rééduquer, pour faire la sanction de ces jeunes qui sont devenus manifestement des gens qui attaquent, qui tuent, qui pillent, et bien on le fera ici à Mayotte", a assuré Gérald Darmanin.

Une proposition brièvement évoquée lors du débat

Mais qu'a réellement dit Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle concernant ces centres? Le sujet n'a en réalité été que très brièvement évoqué, moins d'une minute par le président de la République lors du débat de l'entre-deux tours face à Marine Le Pen.

"Il faut avoir des moyens pour les mineurs. On a fait une réforme de l'ordonnance, qui permet que la justice passe beaucoup plus vite. Il faut leur permettre d'avoir soit de la rétention dans un environnement militaire, c'est qui est une de mes propositions. Soit des travaux d'intérêt général sous contrôle. Pour en particulier ces plus petits délinquants", avait déclaré le président de la République.

Il s'était même montré plus nuancé face aux Mahorais. Dans son tract de campagne destiné aux habitants de l'île pour l'élection présidentielle de 2022, le président de la République avait simplement annoncé "l'ouverture d'un centre éducatif fermé pour les mineurs", sans évoquer d'encadrement militaire donc.

Un extrait du tract édité par Emmanuel Macron à destination des Mahorais, lors de la campagne présidentielle de 2022.
Un extrait du tract édité par Emmanuel Macron à destination des Mahorais, lors de la campagne présidentielle de 2022. © EMMANUEL MACRON

L'ouverture de ce centre a même déjà été annoncée par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti via un communiqué daté du 19 août, annonçant une mise en service "prévue pour la fin de l'année 2024".

"Le placement d’un mineur en CEF (Centre éducatif fermé) s’inscrit ainsi dans une démarche de réapprentissage de la vie quotidienne, en collectivité, s’appuyant sur la responsabilisation quant à l’acte commis, la prévention des conduites à risques et la sociabilisation pour une meilleure réinsertion", précise le communiqué, là encore sans mention d'un encadrement militaire.

Une vieille idée ressortie des cartons

L'idée d'un encadrement militaire des mineurs délinquants n'est pas une idée nouvelle. Elle avait déjà été évoquée par Ségolène Royal en 2007, déclenchant à l'époque une polémique qui avait duré "plusieurs jours", comme le rappelle Laurent Neumann, éditorialiste politique BFMTV.

Du côté des militaires, le colonel Michel Goya, également consultant défense pour BFMTV, a rappelé sur Twitter qu'une telle initiative avait déjà été développée de 1984 à 2004, sous l'appellation "Jeunes en équipe de travail". "Le bilan est très mitigé. Deux ans après leurs stages, plus de 60 % des mineurs qui s’étaient portés volontaires étaient retombés dans la délinquance et 20 % des majeurs étaient à nouveau en prison", a souligné Michel Goya.

Jules Fresard, avec Thomas Soulié