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Élysée

Roselyne Bachelot: "J'ai fait du mal à Jacques Chirac, ce n'était pas mon but"

En 2003, celle qui est alors ministre de l’Ecologie révèle que le chef de l’Etat porte un appareil auditif. Une sortie qui lui coûtera son portefeuille. Douze ans après, elle raconte les coulisses de cette polémique en toute franchise.

Vous vous souvenez du moment juste après cette petite phrase le 19 novembre 2003?

‘Est-ce que le président porte un appareil auditif ?’, question à laquelle je réponds ‘Il me semble que oui’ va susciter un tonnerre médiatique et un tonnerre à l’intérieur du gouvernement que je n’avais absolument pas imaginé. Mais ce qui me parait étrange, car ce n’était pas il y a très longtemps, c’est que cette affaire-là ne serait plus possible maintenant.

Qui vous appelle à l’époque?

Le premier qui m’en parle, c’est Jacques Chirac au conseil des ministres. Il me dit ‘Tu sais, je n’ai jamais porté d’appareil auditif, j’ai juste un petit pansement dans l’oreille’. Et je me souviens encore de ma réflexion : je lui donne une petite claque sur la joue en lui disant ‘Ecoute Jacques, arrête de dire des conneries !’.

Et l’échange s’arrête là...

Les choses s’arrêtent là.

Il vous le dit gentiment, fermement?

Très gentiment ! Je n’ai jamais eu de mots avec Jacques Chirac. Et d’ailleurs le soir, je vais lui écrire une lettre que je vais lui faire porter en disant que je suis totalement désolée que ça ait pris ces proportions. Et, à bien y réfléchir aujourd’hui, si c’était à refaire, je ne le referais pas. Je ferais de la langue de bois, c’est idiot.

Pourquoi?

Parce que je crois que je lui ai fait du mal. Et ce n’était pas mon but avec Jacques Chirac. Le surlendemain, je suis à une réception et Bernadette Chirac est là et elle s’approche glaciale de moi et me dit ‘Vous en avez fait de belles, Madame !’.

Vous avez pu en reparler ensuite avec Jacques Chirac ?

J’ai revu Jacques Chirac, car cette affaire m’a coûté mon poste au gouvernement, peu de temps après mon départ à une réception officielle. Il me regarde et me dit ‘De toute façon, tout ce que tu fais est bien’. Il l’a dit avec un clin d’œil, c’était une façon sans doute de m’accorder son pardon et de reconnaître peut-être ses fautes. Ça a été un joli moment entre nous deux.

Julien  Mielcarek
https://twitter.com/julienmielcarek Julien Mielcarek Directeur de la rédaction BFMTV.com