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Élysée

Retraites à 65 ans: Emmanuel Macron sous la pression de son propre camp

Emmanuel Macron au G20 à Bali, le 16 novembre.

Emmanuel Macron au G20 à Bali, le 16 novembre. - Ludovic MARIN / POOL / AFP

Depuis plusieurs jours, Emmanuel Macron manque de soutien concernant son projet de report de l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans, même au sein de la majorité.

Lors du dîner à l'Élysée, le 7 décembre dernier, le chef de l'État s'était montré déterminé à aller jusqu'au bout: il veut reporter l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Mais depuis, il se retrouve de plus en plus isolé sur cette ligne.

Les oppositions ont été les premières à s'insurger contre ce projet, à gauche comme à droite. Les rencontres de ce mercredi à Matignon ne sont pas rassurantes pour l'exécutif. Élisabeth Borne s'est notamment entretenue avec deux parlementaires qui joueront un rôle important durant les débats à venir.

Du côté des républicains, Olivier Marleix, président du groupe LR à l'Assemblée, menace toujours de déposer une motion de censure si le gouvernement optait pour les 65 ans. Ce qui aurait pour conséquence directe, si elle était votée par une majorité de députés à l'Assemblée, une démission du gouvernement. Si ce scénario est encore très peu probable à l'heure actuelle, Emmanuel Macron a prévenu:

"S'il y a une motion de censure qui est votée, je dissous tout de suite" l'Assemblée nationale, avait en effet menacé en privé le président en septembre dernier.

Dans le reste de l'opposition, la Première ministre a aussi rencontré Bertrand Pancher, le président du groupe LIOT à l'Assemblée. Ses 19 députés et lui-même menacent de voter une motion de censure si Emmanuel Macron persistait. Ce serait une première alors que ce groupe se montre plutôt constructif vis-à-vis de l'exécutif depuis le début du quinquennat.

Des troupes peu enthousiastes

Quant aux soutiens directs d'Emmanuel Macron, il n'est pas simple de trouver un élu derrière les 65 ans. 

"De moins en moins de députés de la majorité sont convaincus par les 65 ans", constate l'un d'entre eux.

Un mauvais signal pour le chef de l'État qui ne pourra pas compter sur l'enthousiasme et la détermination de ses troupes lors des débats dans l'hémicycle.

Ce week-end, c'est François Bayrou qui a mis un coup de pression. Dans les colonnes du JDD, il appelait à plus de pédagogie et à prendre le temps. En coulisses, le patron du MoDem plaide pour un scénario à "64 ans".

Une Première ministre peu loquace

Lors du récent dîner à l'Élysée, la Première ministre s'est montrée peu loquace.

"La piste d’atterrissage est clairement 64 ans. Et Élisabeth Borne y est favorable", assure un ministre.

Ce mercredi matin, à sa sortie de Matignon, le patron des sénateurs centristes, Hervé Marseille, maintient que la cheffe du gouvernement était intéressée par un "mix de mesures", soit un recul à 64 ans et allongement de la durée de cotisation.

Que va maintenant décider Emmanuel Macron? La réforme sera présentée le 10 janvier prochain par sa Première ministre. Près d'un mois après la date initialement prévue.

Thomas Soulié avec Théo Putavy