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Élysée

Regain de popularité pour Hollande: "rien n'est gagné", selon les sondeurs

François Hollande, le 17 janvier à Tulle.

François Hollande, le 17 janvier à Tulle. - Nicolas Tucat - AFP

Le chef de l'Etat bénéficie d'un soudain regain de popularité, dû à sa gestion des attentats qui ont touché la France. Mais en 1991, François Mitterrand avait, lui aussi, gagné 19 points de popularité pendant la guerre du Golfe, avant de les reperdre, six mois plus tard.

François Hollande n'avait plus connu une telle popularité depuis son arrivée à l'Elysée, en mai 2012. Depuis les attentats qui ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo, le chef de l'Etat réunit 40% d'opinions favorables dans le baromètre Ifop-Fiducial, soit un bond de 21 points par rapport au baromètre précédent. Plusieurs instituts de sondage affichent, eux aussi, des résultats en hausse pour le chef de l'Etat, qui semble avoir fait l'unanimité dans sa gestion de la crise post-attentats en France.

> Des points pour 2017 ?

Les attentats à Charlie Hebdo marquent sans conteste un tournant dans le quinquennat de François Hollande. Les Français le découvrent assumant son statut de président. Le chef de l'Etat est entouré d'un Premier ministre, Manuel Valls, et d'un ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, omniprésents depuis le 7 janvier, et dont les popularités respectives sont elles aussi en hausse.

Un nouveau départ pour le chef de l'Etat, en route pour 2017? Peut-être, mais qui risque de ne pas suffire à peser en vue de l'élection présidentielle. "2017, c'est dans quelques années, et François Hollande sera d'abord jugé sur ses résultats", rappelle Thomas Guénolé, politologue, sur BFMTV. "Or les attentes restent les mêmes qu'avant les attentats: le pouvoir d'achat, le chômage, le niveau des impôts, l'éducation, la santé, etc. Le reste est très important, mais il est secondaire".

"On jugera François Hollande sur ses valeurs et sa posture, mais aussi sur sa politique économique et sociale", approuve Jean-Daniel Lévy, de l'institut Harris Interactive. Le sondeur s'appuie également sur l'histoire politique française pour prévenir: "en 1991, François Mitterrand a gagné 19 points de popularité pendant la guerre du Golfe. Il les a perdus en six mois, et en 1993, le PS a vécu des élections législatives catastrophiques. Rien n'est gagné, rien n'est mécanique".

> L'embellie va-t-elle durer?

Thomas Guénolé l'affirme pourtant: "le François Hollande-bashing, c'est terminé". "Avant les attentats, François Hollande n'était pas respecté en tant que président, y compris dans son propre camp", remarque le politologue. Mais rapidement, François Hollande risque d'être confronté à la réalité. L'unité nationale, érigée en principe par l'ensemble des responsables politiques, commence déjà à se fissurer. "Si après la magnifique démonstration de liberté des Français, tout reprend comme avant - nos alliances diplomatiques, nos choix économiques, sociaux, les choix sur l'école et l'éducation - ce sera une gigantesque déception et un drame pour notre Nation", avertit Bruno Le Maire sur BFMTV.

Marine Le Pen aussi bien que des cadres de l'UMP font entendre leurs propositions pour lutter contre le terrorisme. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il n'hésite pas à railler François Hollande et répète que toute alliance avec le PS est "impossible". Dans la majorité, le calme règne... Pour le moment. Jean-Christophe Cambadélis, affirmait dimanche sur Europe 1 qu'il souhaitait "maintenir l'esprit du 11 janvier le plus longtemps possible".

> La perspective des élections de 2015

2015 est une année électorale et risque bien de faire vite oublier l'état de grâce pour François Hollande. A commencer par la circonscription du Doubs, où l'élection législative pour remplacer Pierre Moscovici, devenu commissaire européen aux Finances, doit avoir lieu d'ici la fin de la semaine. Si le PS perd cette élection, il perd également sa majorité absolue à l'Assemblée. Or même si l'alliance avec le PRG lui permet de conserver la majorité, l'élection s'annonce dangereuse pour le PS. Viendront ensuite les élections départementales et régionales, elles aussi périlleuses. "Elles vont refabriquer du clivage gauche-droite", prévient Thomas Guénolé. Et la popularité de François Hollande pourrait de nouveau en prendre un coup.

Ariane Kujawski