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Réforme du travail: Valls orchestre la menace du 49-3

François Hollande et Manuel Valls à l'Elysée

François Hollande et Manuel Valls à l'Elysée - Stéphane de Sakutin - AFP

Manuel Valls est passé après François Hollande pour ajouter la menace du 49-3 dans l'entretien accordé par Myriam El Khomri aux Echos au sujet de son projet de loi de réforme du Code du travail.

Pas encore passé devant le Conseil d'Etat, l'avant-projet de loi de réforme du Code du travail de Myriam El Khomri est critiqué. Et la menace, non voilée d'user du 49-3, en cas de blocage parlementaire n'a rien fait pour atténuer les craintes d'une partie de la gauche. "Avec le Premier ministre, nous prendrons nos responsabilités", a dit la ministre du Travail aux Echos. Selon RTL, c'est bien Matignon qui est à la manœuvre puisque ce sont les services de Manuel Valls qui ont relu - et validé en seconde lecture - l'entretien de Myriam El Khomri qui à l'origine n'évoquait même pas... le 49-3.

"Nous voulons convaincre mais aussi réformer", explique son entourage au Parisien. Quitte à tendre son camp. Lors du recours à l'article pour la loi Macron, Manuel Valls avait expliqué qu'il ne s'agissait pas "d'un acte d'autorité" mais d'un acte "d'efficacité". 

Hollande dialogue, Valls impose

Mais François Hollande entend de son côté calmer le jeu vendredi sur France Inter. On ne touchera pas aux 35h, au Smic ou ou contrat de travail, fait savoir l'Elysée selon Europe 1. Le chef de l'Etat ne l'entend pas de cette oreille. "Il y aura un débat parlementaire approfondi et une majorité. On ne pourra jamais reprocher à François Hollande de ne pas être un homme de dialogue", confient ses proches à la station, par opposition aux manières plus offensives de Manuel Valls. 

Et le président de la République d'expliquer au Parisien, les effets à long terme de la loi: "C'est une loi d'avenir, elle n'aura pas d'effets tout de suite".

"La ministre anticipe le fait de ne pas avoir la majorité"

Le texte prévoit entre autres de consacrer la primauté de l'accord d'entreprise sur la branche en matière d'assouplissement du temps de travail, un plafonnement des indemnités prud'homales en cas de contestation d'un licenciement, la création d'un compte personnel d'activité (CPA) et des mesures sur le licenciement destinées à "lever la peur d'embaucher".

Le texte, qui doit selon Manuel Valls arriver début avril à l'Assemblée en vue d'une adoption "avant la fin juin", a été qualifié de "dynamitage du code du travail" par le secrétaire national du PCF Pierre Laurent et ne passe pas non plus pour les frondeurs du PS. Le député Christian Paul a parlé de "scandale ambulant" concernant le plafonnement des indemnités aux prud'hommes à 15 mois de salaire. Laurent Baumel a évoqué une "réforme globalement inutile".

L'ancien ministre Benoît Hamon a lui dénoncé un texte qui "visiblement ne passe pas" auprès des organisations syndicales "toutes obédiences confondues. (...) La ministre anticipe le fait de ne pas avoir la majorité".

S.A.