BFMTV
Élysée

Quand Hollande lie sa candidature en 2017 à une baisse du chômage

Les mauvais chiffres du nombre de demandeurs d'emploi au mois d'août arrivent comme une douche froide pour l'exécutif, à sept mois de la présidentielle. Surtout que François Hollande a, à plusieurs reprises, conditionné sa candidature pour 2017 à une baisse du chômage.

Un coup d'arrêt à l'embellie? Alors que ces derniers mois, la tendance à la baisse du chômage était encourageante -l'indicateur était notamment reparti à la baisse en juillet-, le nombre de demandeurs d'emploi a très fortement augmenté en août, grimpant de 50.200 inscrits supplémentaires. Annonçant ces chiffres ce lundi, la ministre du Travail, Myriam El Khomri a reconnu un résultat "nettement moins favorable que ceux des mois précédents".

Si le nombre de demandeurs d'emploi reste en baisse depuis le début de l'année (-23.700 sans activité) et sur un an (-10.900), ces mauvais chiffres arrivent comme une douche froide pour l'exécutif à sept mois de la présidentielle, alors que François Hollande a, à plusieurs reprises, conditionné sa candidature pour 2017 à une baisse du chômage.

1. Le 18 avril 2014

C'était une promesse de campagne: inverser la courbe du chômage. "Le chômage n’est pas une fatalité. Et j’inverserai la courbe", déclare-t-il au JDD le 15 avril 2012. "J'accepterai d'être jugé sur cette promesse", ajoute-t-il, le 25 avril 2012, lors d'une conférence de presse. Mais le candidat Hollande ne fixe pas de date, et ne dit pas qu'il n'acceptera pas d'être candidat s'il échoue. Elu, il réitère cet engagement le 9 septembre 2012, au 20 heures de TF1: 

"Nous devons inverser la courbe du chômage d'ici un an", dit-il. Un objectif qu'il ne parviendra pas à réaliser. 

Ce n'est qu'en 2014 qu'il lie clairement son destin présidentiel en 2017 à la baisse du nombre de demandeurs d'emploi. "Si le chômage ne recule pas d'ici à 2017, je n'ai aucune raison d'être candidat à un deuxième mandat", explique-t-il le 18 avril 2014, lors d'un déjeuner avec des dirigeants et des salariés de Michelin.

2. Le 6 novembre 2014

"Si je n'y parvenais pas (à réduire le chômage, Ndlr) à la fin de mon mandat, vous pensez que j'irai devant les Français en leur disant: 'ben voilà, je n'y suis pas arrivé pendant cinq ans, mais je vous promets les cinq prochaines années, je vais y parvenir'. Ça ne marche pas comme ça. Les Français seraient implacables et ils auraient raison", explique-t-il sur TF1, le 6 novembre 2014.

3. Le 14 juillet 2015

"S’il n’y a pas de baisse du chômage, je l’ai dit plusieurs fois, je ne serai pas candidat", répète-t-il en 2015 sur TF1 et France 2, lors de la traditionnelle interview présidentielle le 14 juillet. 

4. Le 27 juillet 2015

"Il faut qu'il y ait une baisse du chômage tout au long de l'année 2016 permettant de faire un choix dans le cadre d'une campagne présidentielle possible et qui n'est pas aujourd'hui à l'ordre du jour", redit-il lors du dîner annuel de l’Association de la presse présidentielle le 27 juillet 2015. "Il faut qu’il y ait une baisse du chômage tout au long de l’année 2016", précise-t-il.

"L'objectif est de faire diminuer le chômage suffisamment longtemps pour que ce soit suffisamment crédible." 

5. Le 19 février 2016

"Je n'ai de ce point de vue-là qu'une seule parole. J'ai été candidat pour que nous créions les conditions pour qu'il y ait une baisse du chômage et il doit y avoir une baisse du chômage. Et s'il n'y a pas de baisse du chômage, vous savez quelles conclusions j'en tirerai", martèle François Hollande sur France Inter, le 19 février 2016.

6. Le 14 avril 2016

"Ça va mieux", fait désormais valoir François Hollande sur France 2, le 14 avril 2016. "Il y a plus de croissance, il y a moins d'impôts, il y a plus de compétitivité, (...) il y a plus de pouvoir d'achat pour les salariés".

"Un quinquennat c'est cinq ans et j'ai engagé une politique qui produit des résultats et qui en produira encore davantage mais, c'est vrai, je demanderai à être jugé sur la question du chômage", rappelle-t-il.

"Nous aurons une inversion de la courbe du chômage" d'ici la fin de l'année, explique François Hollande sur TF1 et France 2, à l'occasion du 14 juillet, sans une nouvelle fois lier son destin à cette courbe. "C'est vrai que le chômage reste à un niveau élevé (...) Nous aurons une baisse du chômage à la fin de l'année, mais un chômage qui restera encore trop élevé. Cela veut dire qu'il va falloir continuer la politique que j'ai engagée".

A noter aussi que le locataire de l'Elysée s'est donné jusqu'à décembre pour dire s'il sera ou non candidat. Ce qui promet un timing ultra-serré pour démontrer une réelle inversion de la courbe.

Violette Robinet