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Élysée

Prenant des airs de candidat, Hollande critique le programme de la droite

Le chef de l'Etat a critiqué mardi les propositions des candidats à la primaire à droite pour 2017 et mis en garde contre "le risque" que la droite "détruise ce qu'[il a] fait".

S'il n'est pas officiellement candidat, François Hollande semble déjà en campagne. Invité d'Europe 1 mardi matin, le chef de l'Etat s'en est pris aux candidats de la primaire à droite et aux membres de Les Républicains. Visant les programmes d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy, il a critiqué leurs propositions en pointant ce qu'il juge être des incohérences:

"Ils disent à peu près tous la même chose. Cent milliards d’économie pour le prochain quinquennat. Alors que dans le précédent, il y a eu 600 milliards de dette en plus en cinq ans. C’est ça que j’ai reçu en héritage. Ils nous disent qu’il faut supprimer 350.000 fonctionnaires, alors qu’ils nous disent aussi qu’il ne faut pas toucher à la police, à la justice, à l’armée, et certains à l’éducation".

François Hollande a continué en soulignant le risque que représenterait une victoire de la droite selon lui:

"Le risque, c’est qu’ils le fassent, qu’ils détruisent ce que nous avons fait, qu’ils suppriment l’impôt sur la fortune, l’impôt sur les plus favorisés, qu’ils taxent les revenus du capital moins que le revenu du travail. En plus, tous demandent une augmentation de la TVA. Dire aux Français: on va baisser l’impôt des plus favorisés et augmenter l’impôt de tous avec la TVA... Je dis franchement: 'lisez ce qui est proposé'."

"C'est un discours électoral"

Des tacles qui donnent au président Hollande des airs de candidat en campagne. Et même s'il a réaffirmé mardi que son éventuelle candidature se déterminerait "en décembre", le chef de l'Etat a lâché un lapsus révélateur de son intention de se représenter:

"Si je ne suis pas... si la gauche n'est pas reconduite, ce sera la droite qui l'emportera ou l'extrême droite".

François Hollande a aussi tenté de calmer les éventuels rivaux qui pourraient émerger dans son propre camp. "Il n’y a pas d’alternative à la ligne que je représente à gauche", a-t-il déclaré, une phrase qui résonne comme un avertissement lancé à Emmanuel Macron et Arnaud Montebourg, le premier souhaitant "nourrir un projet présidentiel" avec son mouvement "En marche!", et le second ayant fait lundi un pas de plus vers la présidentielle de 217.

Les réactions à droite, à la suite à cette interview, n'ont pas manqué de souligner l'attitude du chef de l'Etat. Rentrant dans le jeu d'une critique du camp opposé, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, soutien d'Alain Juppé, a déclaré sur BFMTV:

"C'est un discours électoral. (...) Aujourd'hui, le pays est dans le plus grand des désordres. Ce désordre est en partie créé par le président. En se comportant comme un candidat, il ouvre la porte à l'alternative à gauche. Il crée d'autres candidatures". 

Les débats politiques prennent déjà des airs de campagne, et ce alors que les primaires à droite et à gauche n'auront pas lieu avant la fin de l'année.

Ma. G. avec AFP