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Élysée

Pourquoi François Hollande est obligé de faire preuve de fermeté

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En menaçant d'interdire les manifestations après les débordements de mardi, François Hollande en tant que chef d'Etat ne fait "qu'exercer ses missions constitutionnelles", estime le politologue Olivier Rouquan.

Après le passage en force de la loi Travail à l'Assemblée nationale, les menaces d'interdictions de manifester ne sont que "le signe d'un gouvernement aux abois", a répliqué sitôt la CGT après cette annonce de François Hollande, qui a fermement condamné les violences et les dégâts en marge du défilé parisien de mardi dernier, déclenchant dans le même temps la colère d'une partie de la gauche.

Un tollé qui, selon le politologue Olivier Rouquan, doit être relativisé. Selon lui, "l'exécutif fait son travail en tentant de préserver l'ordre public et de garantir l'Etat de droit grâce aux outils qu'il a à sa disposition".

Trois contraintes

Dans le contexte actuel très risqué, le Président gère trois contraintes relatives à sa mission constitutionnelle d’arbitrage, au nom de la continuité de l’Etat et des services publics : celle liée au terrorisme, celle liée à l'Euro et enfin celle liée au climat social. "Sauf à renoncer à cette loi portant sur le travail, ce qui paraît après tout ce temps inenvisageable, il doit en diminuer au moins une, pour éviter la saturation. La plus maîtrisable, même avec difficultés, reste celle liée aux manifestations sociales", explique le spécialiste. En interdisant de façon proportionnée les rassemblements, François Hollande souhaite montrer la fermeté du pouvoir en place. Une attitude qui irrite fortement à la CGT.

Un fossé croissant entre Hollande et la CGT

Même si aupravant il a pu y avoir des points d'accords entre François Hollande et l'organisation syndicale, le changement de leader et la remise en question de l'évolution réformiste du syndicat ont contribué à élargir le fossé entre les deux acteurs dont les intérêts divergent totalement désormais.

"Le Président est obligé de faire valoir son point de vue avec fermeté face à un syndicat qui en grande partie pour des raisons de logiques internes et intersyndicales, affiche une posture de rupture s’éloignant du réformisme", ajoute Olivier Rouquan. Pour autant, rien ne dit qu'au cours de la rencontre entre Myriam El Khomri et une délégation de la CGT ce vendredi à 8h00 pour parler du projet de loi Travail ne débouchera pas sur une évolution des postures. "Dans les conflits, il y a des pics, puis parfois une pacification permettant une évolution négociée", rappelle le politologue.

Peu de chance de réunifier sa majorité

Pas sûr en revanche que François Hollande arrive à rallier les frondeurs. "Il n'a pas sû mener avec la pédagogie nécessaire sur les grandes orientations de ses politiques publiques, dès lors que la campagne de 2012 n’a pas été assez claire sur les enjeux de compétitivité, de responsabilité et de flexisécurité dans le travail... Ceci lui coûte cher dans l’opinion, notamment de gauche. Les garanties offertes à la gauche du PS sont loin d'être suffisantes", commente le spécialiste.

Quoiqu'il en soit François Hollande, qui campe sur ses positions, peut peut-être miser sur l'idée que sa posture régalienne lui pemettra de regagner à moyen terme, une certaine forme de crédit par rapport aux exigences de la fonction (l’autorité), avant l'échéance de 2017, "sous réserve que la situation actuelle ne dégénère pas plus," conclut Olivier Rouquan.