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Portrait officiel, mises en scène millimétrées: quand Emmanuel Macron fait du Barack Obama

Emmanuel Macron le 1er juillet 2017 à Rennes

Emmanuel Macron le 1er juillet 2017 à Rennes - Fred Tanneau-AFP

Mises en scène avec sa famille, en train de jouer au foot ou portrait officiel: Emmanuel Macron semble s'inspirer de la stratégie de communication de Barack Obama lorsque ce dernier était à la Maison Blanche. Un parti qui pourrait être payant.

De ses mises en scène millimétrées à son portrait officiel: Emmanuel Macron semble s'inspirer de l'art de la communication de l'ancien chef d'État américain Barack Obama. Une proximité qui a même été revendiquée par le président français lorsqu'il avait tweeté, en anglais, à la veille du premier tour; son échange téléphonique avec l'ancien président américain.

Une communication à l'américaine

La campagne présidentielle d'Emmanuel Macron a été marquée par un style à l'américaine, avec la présence récurrente de la famille du couple, comme lors du soir de sa victoire au Louvre où enfants, petits-enfants, neveux, étaient montés sur scène aux côtés du nouveau président et de son épouse. Des similitudes avec l'ex-locataire de la Maison Blanche également dans son utilisation des réseau sociaux, estime pour BFMTV.com Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l'Université Paris 2 Panthéon-Assas et président du site The Conversation. 

"Cette façon d'user des réseaux sociaux avec l'idée d'une mise en contact plus informelle avec les citoyens mais aussi de se montrer avenant et disponible, avec les selfies, fait penser au style de Barack Obama."

  • Flux d'images choisies, communication calculée et souvent maîtrisée -comme lors son coup de téléphone au standard de l'Élysée- mises en scène sportives ou avec des enfants qui se veulent décontractées, Emmanuel Macron fait du Barack Obama, remarque pour BFMTV.com Isabelle Veyrat-Masson, directrice du laboratoire communication et politique du CNRS.

"Barack Obama et Emmanuel Macron sont tous deux des présidents inédits et jeunes, l'un Noir et l'autre élu sans aucun parti. Ils ont beaucoup de points communs et certaines mises en scène sont troublantes de mimétisme."

Jean-Eric Branaa, maître de conférence à l'Université Paris 2 et spécialiste des questions de politique et de société aux Etats-Unis, estime quant à lui pour L'Express qu'il y a "véritablement eu la construction d'un personnage Macron-bama". 

Le portrait officiel très Barack Obama

Emmanuel Macron a dévoilé la semaine dernière sur Twitter son portrait officiel qui symbolisera les cinq années de son quinquennat. Pour Philippe Moreau Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po, de nombreux éléments de ce portrait font référence à celui de Barack Obama, réalisé pour son second mandat. Avec les drapeaux de chaque côté du chef de l'État, photographié face à son bureau, placé devant la fenêtre: "il y a une aspiration américaine, comme toujours dans la communication d'Emmanuel Macron", analyse-t-il pour BFMTV.

Le discours au Parlement façon "état de l'Union"

Emmanuel Macron montera ce lundi à 15 heures à la tribune du Congrès, dans le cadre fastueux du château de Versailles, pour fixer les "priorités" de son quinquennat. Et s'adressera aux deux chambres du Parlement réunies. L'adresse solennelle d'Emmanuel Macron aux parlementaires a vocation à devenir un "rituel" annuel, "conformément à un engagement de campagne", selon l'entourage du président. Selon le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, il s'agira d'une sorte de "discours sur l'état de l'Union" comme celui prononcé chaque année par le président américain. 

Un rôle officiel pour la première dame

  • Aux États-Unis, bien que le rôle de première dame ne soit pas inscrit dans la Constitution, ce statut est bien plus institutionnalisé qu'en France. Elle possède des bureaux à la Maison Blanche et une équipe d'une douzaine de personnes. Elle a également un site internet et des réseaux sociaux officiels. 

Durant la campagne, Emmanuel Macron avait assuré vouloir officialiser la fonction qu'occupera son épouse Brigitte et s'était dit favorable à "un statut de la première dame ou du premier homme", qui n'est pas précisé par la Constitution française. Depuis son arrivée à l'Élysée, les services de la présidence réfléchissent à la place à lui donner. Une réforme constitutionnelle n'est cependant pas à l'ordre du jour. 

Un moyen de cultiver sa popularité?

Mais selon Arnaud Mercier, il serait injuste de parler de pure filiation. "Il s'agit d'un réseau d'influences mutuel plutôt que d'un simple mimétisme. C'est un jeu d'influences croisées et brassées où chacun créé sa petite musique politique en s'inspirant des autres. Barack Obama n'a pas non plus été le premier aux États-Unis ni le seul à opter pour ce type de communication."

Les ressemblances -volontaires ou non- avec la stratégie de communication optée par Barack Obama sont aussi et avant tout un moyen de cultiver sa popularité, qui se maintient à 58% d'opinions favorables, analyse Isabelle Veyrat-Masson.

"Barack Obama, à l'international, est le symbole d'une popularité absolue qui ne s'appuie pourtant pas sur des éléments objectifs de sa politique. Il y a là un véritable décalage avec son bilan, qui est dû à ses choix de communication. En ce sens, le président américain est un cas d'école. Emmanuel Macron a vu les côtes de popularité de ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, s'effondrer. Il a deux moyens pour s'en sortir: mettre au pas les médias, en limitant ses communications, et distiller ses mises en scène par ses propres canaux."

Céline Hussonnois-Alaya