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Popularité: pourquoi François Hollande est dans une situation inextricable

François Hollande, le 17 mai 2016.

François Hollande, le 17 mai 2016. - CHARLY TRIBALLEAU - AFP

Gaël Sliman, président de l'institut de sondages Odoxa, estime que les incohérences politiques de l'exécutif plongent un peu plus François Hollande dans l'impopularité, à un an de la présidentielle. Une vision que relativise cependant le politologue Olivier Rouquan.

Quel avenir pour François Hollande? "Tout ce qui relevait du capital positif d'opinion qu'avait pu engranger l’exécutif dans sa capacité à gérer le risque terroriste (...) est en train de fondre comme neige au soleil", estime ce vendredi Gaël Sliman, le président de l'institut de sondages Odoxa, sur BFMBusiness.

Selon lui, les Français sont perdus par les agissements de l'exécutif ce qui a un impact direct sur la cote de popularité, déjà en berne, du Président Hollande. "(...) Ils ne comprennent plus rien. On est en plein état d'urgence et on voit des mouvements avec des individus qui brûlent des voitures de police", renchérit-il.

Le politologue Olivier Rouquan signale qu'à ce propos, le travail pédagogique n'est pas fait:

"Au nom de l'état d'urgence, on peut prendre des mesures préventives mais on ne peut pas priver quelqu'un de liberté. Seuls la police judiciaire et le juge en ont les moyens", citant pour exemple l'affaire de la voiture incendiée des policiers par un groupe de manifestants mercredi dernier.

Qui plus est, il rappelle que ce fameux contre-rassemblement contre les violences policières avait été interdit par la préfecture.

Le mic-mac de la loi Travail

Ces interprétations ajoutent un peu plus au climat de défiance vis-à-vis de l'exécutif empêtré dans la loi Travail.

"(...) On est sur cette période d'avant été, du mois de juin, on est plutôt dans une séquence où François Hollande pouvait, pour une fois, engranger des éléments positifs en termes d'opinion avec l’amélioration de la situation économique, avec un chômage, c'était le cas le mois dernier, qui avait commencé à baisser, pouvoir faire entrer dans la tête des français le 'ça va mieux' (...), explique Gaël Sliman. Mais cette phase plutôt positive, "il est en train de la brûler avec tout ce qui se passe autour de la loi El Khomri, que les Français rejettent (...). 

Une vision que ne partage pas Olivier Rouquan. Selon lui, même si cette loi perturbe une partie de la gauche et qu'il est plus judicieux de rassembler son camp à un an de la présidentielle, "François Hollande joue son rôle d'institution". Le fait de tenir bon indique que ce pouvoir "n’est pas aussi girouette que ce que l’on dit". Un acte d'autorité qui peut donc laisser passer l'idée que ce gouvernement a des engagements et qu'il les tient même s'il est peu probable, même "inenvisageable et c'est un euphémisme, que François Hollande prenne 10 points de popularité", explique le politologue. 

Une méfiance croissante envers le politique

Quoiqu'il en soit, renoncer à la loi Travail, comme le conseille Gaël Sliman à François Hollande, ou la maintenir, sera toujours perçu de façon négative par la société. Certes, même si François Hollande est un Président "qui a du mal à faire passer son message auprès de l'opinion publique, il y a, de façon globale, une défiance à l'encontre du politique". "A chaque fois qu’on fait un choix politique, il a ce défaut de l’avantage. On préfère commenter le défaut plutôt que l’avantage", poursuit Olivier Rouquan, avant d'ajouter: "quels que soient les successeurs de François Hollande, ils seront face à ce phénomène enkysté qui a débuté sous Jacques Chirac".

Aurore Coulaud