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Notre-Dame-des-Landes: Hollande provoque-t-il les écologistes?

François Hollande avant le Conseil des ministres lundi 5 janvier

François Hollande avant le Conseil des ministres lundi 5 janvier - AFP

2015, année écologique? François Hollande pourrait en avoir la volonté avec notamment l'organisation à Paris d'un Sommet mondial sur le climat, en décembre prochain. Mais sa sortie sur Notre-Dame-des-Landes et les attaques de Cécile Duflot contre la loi Macron ne passent pas inaperçus.

Que cherche François Hollande en ce début d’année 2015? Lors de ses voeux aux Français, le président de la République a voulu montrer image conquérante et dynamique pour lancer un millésime empli "d’audace, d’action et de solidarité".

Deuxième étape: ses larges prises de contacts médiatiques avec ses concitoyens – après plusieurs sorties incognito fin 2014 – lundi matin sur France Inter. François Hollande a pendant deux heures parlé d’économie (beaucoup) et de plusieurs dossiers d’actualité comme la fin de vie, la primaire PS pour 2017 ou l’hypothèse d’une intervention militaire en Libye.

Mais quid de l’écologie à moins de onze mois de la grande conférence pour le climat qui se tiendra à Paris? Quelles garanties pour les vrais-faux alliés écologistes, partagés entre l’axe Placé-de Rugy-Pompili pas opposé à un retour dans le gouvernement, et les sorties assassines de l’ancienne ministre du Logement Cécile Duflot?

La réponse de Hollande à Duflot

S’ils ont dû rester collés à leurs postes de radio ce matin, les écologistes n’ont pas été déçus puisque le président de la République a, certes prudemment, confirmé les propos de Manuel Valls à propos du projet d'aéroport controversé de Notre-Dame-des-Landes. "Quand les recours seront épuisés, le projet sera lancé", a-t-il assuré. Mais dans la foulée, François Hollande a réaffirmé, sans la dater, l’une de ses promesses de campagne: la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, en Alsace. 

"La France est exemplaire dans sa politique écologique", a même jugé le chef de l’Etat. De quoi convaincre les écologistes? Dimanche, Cécile Duflot avait critiqué la loi Macron dans les colonnes du JDD, en particulier pour sa part belle à l’autocar. Dans sa tribune, l'ancienne ministre du Logement fustige un texte qui, selon elle, pourrait "marquer un net recul idéologique du quinquennat", et vient "fragiliser le modèle environnemental français, déjà en retard". 

De Rugy veut des garanties, Cambadélis tend la main

En gage de bonne conduite, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a tendu la main aux écologistes pour qu’ils œuvrent sous l’impulsion de François Hollande et de Nicolas Hulot au succès de la conférence sur le Climat, et alors sur l'année 2015 est présentée par l'Elysée comme celle de l'écologie. En effet, à titre personnel, le chef de l'Etat parie sur cet événement pour le rayonnement de la France... et de son quinquennat, si une grande décision internationale devait être prise à Paris.

Lundi, François de Rugy, co-patron des députés EELV, est resté mesuré sans tomber dans les critiques formulées par les autres formations politiques. "L'engament écologique n'était pas au premier rang des priorités de François Hollande avant d'être président de la République et même au début de son mandat. Nous saluons cette évolution, cet engagement qui est très important (...) Il faut maintenant que cela suive", a-t-il commenté, menaçant également de ne pas voter la loi Macron sur laquelle compte beaucoup l’exécutif. "Sa prise de conscience sur le sujet est sincère mais reste à concrétiser", pense pour sa part le sénateur EELV Jean-Vincent Placé, qui rappelle que François Hollande "n'a pas vocation à être un président écologiste dès les premiers jours de 2015."

2017 en toile de fond?

Néanmoins, cette annonce symbolique sur le maintien de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes pourrait durablement assombrir les relations entre l’Elysée et les écologistes, dont on évoque un possible retour au gouvernement, après les régionales de la fin 2015. Soit au même moment que le sommet international de Paris.

La sénatrice écologiste Esther Benbessa a dénoncé une "provocation" présidentielle quand l’eurodéputé Yannick Jadot a jugé sur Europe 1 que les conditions politiques "d’une conversion à l’écologie" de François Hollande n'étaient pas remplies. "J’espère qu’il ne vise pas nos votes pour 2017". De son côté, le président de la République a assuré ne pas (encore) y penser.

S.A.