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Élysée

"Maintenant s'ouvre une nouvelle phase": à J-6 avant le déconfinement, Macron durcit le ton

S'affirmant désireux d'éviter à la France un décrochage économique durable, le chef de l'État a offert quelques précisions vraisemblablement censées inciter chacun à retourner au travail à l'issue du confinement.

Comme s'il cherchait à éveiller un colosse en somnolence prolongée. Forcée, en l'espèce, puisque ce sont de nombreux gouvernements, dont celui de la France, qui ont imposé à leur peuple de se confiner. Désormais toutefois, Emmanuel Macron prépare l'après, le déconfinement et avec, espère-t-il, le lent redémarrage de l'économie française.

D'où le léger changement de ton amorcé ce mardi, lors de l'entretien qu'il a accordé à TF1 et France 2, retransmis par BFMTV. Après les accents guerriers du mois de mars, la compassion grave du mois d'avril, voici venu le temps des piqûres de rappel. 

"On ne peut pas dire, pendant des mois et des mois, 'le pays ne vit plus'", a par exemple prévenu le chef de l'État. "On a dû décider ce confinement inédit. Maintenant s'ouvre une nouvelle phase où on doit essayer de continuer à maîtriser l'épidémie, en ayant la vie d'une Nation libre", a-t-il poursuivi. 

Un chômage partiel des "plus généreux"

Ce constat - qu'il faudra bien à un moment que les Français puissent reprendre une activité à peu près normale -, Emmanuel Macron l'a tempéré en rappelant que "le virus est toujours là", invaincu par un quelconque vaccin. 

Interrogé sur le risque d'écroulement de l'économie évoqué par certains membres de son gouvernement, à commencer par Édouard Philippe et Bruno Le Maire, le président de la République s'est refusé à recourir aux "grands mots". Une manière de se désolidariser, sans le dire explicitement, de leur champ lexical plus alarmiste. Il a néanmoins reconnu que le pays connaîtrait un "choc économique massif". 

Emmanuel Macron a ensuite énuméré les diverses mesures prises par l'exécutif, avant et pendant le confinement, pour parer à ce choc. Et d'ajouter que le système de chômage partiel mis en place à la faveur de cette crise sanitaire est l'un "des plus généreux" au monde. 

"On a pu investir au bon endroit, on a pu accompagner nos indépendants, nos artisans, (...) nos agriculteurs, (...) nos entrepreneurs comme nos salariés, parce que nous sommes une Nation forte", a-t-il insisté. 

"L'employeur doit comprendre"

Concédant que la "glace" à parcourir ces trois prochaines semaines serait "très fine", Emmanuel Macron a affirmé que la France ne retrouverait pas dans l'immédiat une "vie économique normale". Face aux contraintes que continueront de subir de nombreux salariés, le chef de l'État a annoncé que, moyennant l'ajustement de quelques détails dans le protocole de déconfinement, la "compréhension" des employeurs serait sollicitée. 

"Si l'école n'est pas ouverte, que je n'ai pas de réponse pour mon enfant, je dois évidemment fournir une attestation et une preuve, mais l'employeur doit le comprendre. Et si je dois partir plus tôt pour aller chercher mon enfant, là aussi l'employeur doit le comprendre", a-t-il expliqué. 

Et Emmanuel Macron d'en appeler à la "responsabilité collective" de tous pour réussir le déconfinement: pouvoir exécutif, élus, chefs d'entreprise et citoyens. Avec l'objectif d'éviter que l'épidémie ne devienne à nouveau non-maîtrisable. 

"Il faut beaucoup de prudence, parce qu'on n'a pas envie de revenir en arrière, (...) on va essayer de tenir, avec les gestes barrières, avec une éducation collective, un sens des responsabilités", a-t-il comme averti. 

Hommage aux enseignants, mais...

Il en est allé de même, dans une moindre mesure puisque le sujet est plus inflammable, pour le secteur éducatif. Après avoir martelé le fait qu'il était essentiel que les enfants, en particulier les élèves de maternelle et du primaire, puissent reprendre le chemin de l'école, Emmanuel Macron a loué le travail des enseignants durant la période de confinement. 

"Je veux leur rendre hommage, parce que l'Éducation nationale s'est mobilisée et on a véritablement apporté aux enfants, chez eux, une offre éducative formidable, à distance. Par le numérique, mais aussi par la poste. Donc qu'on n'aille pas dire que nos enseignants, pendant deux mois, étaient en vacances. C'est tout le contraire", a-t-il déclaré. 

Après ce propos - qui sonne comme un mea culpa rétroactif pour l'analogie maladroite invoquée en mars par la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye -, le président a également rendu hommage aux familles qui ont dû ajuster leur mode de vie. 

..."il faut rouvrir les écoles"

Et d'enchaîner: "Maintenant, c'est une nouvelle étape qui va commencer. Et donc le 11, il faut rouvrir les écoles."

Quant aux enseignants les plus rétifs à l'idée de revenir dans une salle de classe, Emmanuel Macron leur a enjoint à parler avec des collègues qui, eux, ont accepté d'être "présents physiquement" en cours, "par roulements", malgré les risques encourus. En prenant soin de louer "le sens du devoir" de cette catégorie d'enseignants. 

"Pour moi la règle, c'est simple: on ne vous mettra jamais en situation (...) de danger. Et donc je veux que partout, les choses soient bien organisées, (...) avec vos directeurs d'école et vos élus", a-t-il promis. 

Le locataire de l'Elysée dit entendre les "réticences", mais affirme que les choses se feront "dans le dialogue, calmement". Reste à savoir s'il sera entendu.

Jules Pecnard