Macron reçoit mille agriculteurs pour apaiser les tensions à deux jours du salon de l’Agriculture

Le chef de l'État va tenter ce jeudi de désamorcer la crise qui touche le monde agricole en rassurant les jeunes éleveurs français, lors d'une réception à l'Elysée. Un rendez-vous qui intervient à deux jours de l'ouverture du salon de l'Agriculture.

Au lendemain de la manifestation des agriculteurs contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, Emmanuel Macron s’apprête à recevoir ce jeudi un millier de jeunes éleveurs français triés sur le volet au Palais de l’Élysée. Un rendez-vous loin d’être fixé au hasard puisque cette réception de la nouvelle génération agricole, qui réunira des professionnels de moins de 35 ans, intervient à deux jours de l’inauguration, potentiellement sensible, du Salon de l’agriculture, à Paris.

Il faut dire que les revendications des agriculteurs sont nombreuses. Outre les inquiétudes qui pèsent sur un éventuel afflux de viande bovine en provenance d’Amérique du Sud dans le cadre de l’accord de libre-échange avec le Mercosur, les relations avec la grande distribution, le projet de réforme de la PAC (politique agricole commune) et la modification de la carte des zones agricoles défavorisées sont également au cœur des préoccupations des éleveurs français.

"Je pense que si Emmanuel Macron veut recevoir des jeunes, c’est pour communiquer avec eux. D’autant qu’il y a le Salon de l’agriculture prochainement. Pour faire certainement des annonces aussi… Du moins, on en attend", prévient sur notre antenne Caroline Delpierre-Piat, jeune agricultrice invitée à l’Élysée.

Attendu au tournant

Lors de ce rendez-vous, Emmanuel Macron tentera de déminer le terrain en rassurant les éleveurs, alors qu’il fait face à sa première crise du monde agricole. Le chef de l’État pourra notamment s’appuyer sur les mesures annoncées dans le cadre des États généraux de l’Alimentation (inversion de la construction du prix, promotions limitées…) afin d’envoyer un signal fort aux éleveurs. "Le président de la République aura à cœur de leur adresser un message sur l'avenir du monde agricole, pour faire de la France le pays où l'on mange le mieux, le plus sainement et le plus durablement", a indiqué son entourage.

"On ne fera pas de calinothérapie. Ce déjeuner sera l’occasion d’un discours de vérité sans minimiser la souffrance et le courage du monde agricole", indiquent également au Parisien les conseillers du président.

En réalité, l’opération séduction du gouvernement a débuté dès lundi avec la visite discrète de Brigitte Macron à des agricultrices de Normandie. Un déplacement opéré en compagnie d’Audrey Bourolleau, conseillère agriculture du président.

Opération reconquête au Salon de l'agriculture

Mais le rendez-vous crucial est fixé à samedi. En effet, Emmanuel Macron se rendra à son premier Salon de l’agriculture en tant que président. Un déplacement qui s’annonce tendu, un an après le jet d'oeuf dont avait été victime le candidat Macron: "Ça va être chaud", s’inquiète Jean-Baptiste Moreau, éleveur devenu député LaRem.

Pour tenter d’apaiser la grogne, le locataire de l’Élysée tentera de battre le record de la plus longue visite présidentielle Porte de Versailles. Il prévoit de s’y rendre avant l’ouverture au public et de repartir à la fermeture pour témoigner de son soutien et de son implication face aux problématiques du monde agricole.

Une large partie du gouvernement sera également mobilisée à cette occasion. Le Premier ministre Édouard Philippe se rendra à trois reprises au salon. Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, ainsi que tandem Nicolas Hulot - Stéphane Travert, respectivement ministre de la Transition écologique et ministre de l'Agriculture, sont également attendus porte de Versailles dans les prochains jours.

Pas sûr pour autant que ces nombreux efforts suffisent à rassurer les agriculteurs. "Je pense qu'il va leur dire qu'il les aime puisqu'il aime bien dire aux gens qu'il les aime", a ironisé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, sur France info. Mais, a-t-elle ajouté, "ils attendent un peu autre chose quand même".

Paul Louis