BFMTV
Élysée

Macron en Algérie pour une visite "de travail et d'amitié"

Emmanuel Macron à Alger le 14 février 2017.

Emmanuel Macron à Alger le 14 février 2017. - STRINGER / AFP

Pour sa première venue en tant que président et sa première visite depuis ses propos sur la colonisation comme "crime contre l'humanité", Emmanuel Macron devrait aborder la question de la mémoire et de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.

Emmanuel Macron poursuit sa tournée en Afrique. Après le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Sénégal, le président de la République s'envole ce mercredi pour l'Algérie. Un déplacement placé sous le signe du symbole, pour plusieurs raisons.

D'abord en raison des liens historiques très étroits entre la France et l'Algérie, ensuite parce qu'il s'agit là de sa première visite présidentielle dans le pays, et enfin parce qu'il y retourne pour la première fois depuis la campagne présidentielle et ses propos sur la colonisation, qu'il avait qualifiée de "crime contre l'humanité". Le but de ce voyage officiel est de relancer les relations "privilégiées" mais compliquées avec ce pays, qui est actuellement un acteur-clé dans la lutte contre les groupes armés. 

Pas une visite d'Etat mais un entretien avec Bouteflika

Le chef de l'Etat devait arriver en milieu de matinée à Alger, où il ira au contact des habitants, après avoir déposé une gerbe au monument des martyrs de la Guerre d'Algérie. Dans l'après-midi, il rendra visite à son homologue Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, dans la banlieue ouest d'Alger. Affaibli par les séquelles d'un AVC survenu en 2013, qui a affecté sa mobilité et son élocution, le président Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, reçoit peu de dignitaires étrangers.

Cette visite "d'amitié et de travail", comme l'a précisé l'Elysée, était espérée à Alger depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, salué comme un "ami de l'Algérie" par Abdelaziz Bouteflika après sa victoire à la présidentielle française de mai. Il ne s'agit en revanche pas d'une "visite d'Etat", la plus haute forme de contact diplomatique entre deux nations.

Un pays incontournable pour les présidents français

Depuis Valéry Giscard d'Estaing en 1975, la visite à Alger est incontournable pour les présidents français, en raison des relations historiques nées de 130 ans de colonisation. L'Elysée souhaitait qu'une visite présidentielle soit organisée "rapidement, pour marquer la profondeur et la densité des liens entre les deux pays".

D'autant qu'Alger avait mal pris qu'Emmanuel Macron choisisse, dès début juin, le Maroc, voisin et rival, pour son premier déplacement au Maghreb. Lors de ses entretiens avec les dirigeants algériens, dont le Premier ministre Ahmed Ouyahia, le président français devrait aborder les crises au Sahel et en Libye qui préoccupent fortement les deux pays.

Lutte contre le terrorisme dans le Sahel

Alger, qui dispose de nombreux relais d'influence dans la région, a parrainé les longues tractations ayant abouti en 2015 à un accord de paix au Mali, qui peine à être appliqué, suscitant l'impatience de Paris. Emmanuel Macron tentera d'accélérer le déploiement de la force multinationale G5-Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie) lors d'une réunion le 13 décembre à Paris.

Parallèlement, l'association les Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les deux journalistes de RFI tués au Mali en 2013, a dit espérer que la visite du président français à Alger fasse progresser l'enquête, alors que les assassins présumés seraient basés dans le Sud de l'Algérie, selon les juges d'instruction.

"Ni déni, ni repentance"

Mais le président de la République est aussi attendu sur la "question de la mémoire" liée à la colonisation française, qu'il avait qualifié de "crime contre l'humanité" lors de sa précédente visite à Alger.

"L'opinion algérienne attend de Macron qu'il honore sa promesse de campagne, lui, qui, candidat à l'Elysée, avait promis d'oser plus que l'ont fait ses prédécesseurs sur la reconnaissance du fait colonial", a écrit le quotidien francophone Liberté.

Mais le premier président de la Ve République né après la Guerre d'Algérie, insiste désormais sur la nécessité de "tourner la page". Il devrait ainsi répéter à Alger son message proclamé lors de sa récente tournée en Afrique de l'Ouest: "Ni déni, ni repentance. On ne peut pas rester piégé dans le passé". Parmi les gestes symboliques souhaités à Alger, la restitution par la France de crânes de résistants algériens tués dans les années 1850 qui sont conservés au Musée de l'Homme à Paris ou celui d'un canon qui défendait le port d'Alger et qui trône à l'arsenal de Brest.

Charlie Vandekerkhove avec AFP