BFMTV
Élysée

Les troublantes confidences des policiers de l'Elysée sur la sécurité du président

Plus d'un mois après le tir accidentel d'un policier à l'Elysée, des membres du groupe de protection de la présidence de la République ont confié au Monde leurs doutes quant à la sécurité réelle de François Hollande.

Y aurait-il des problèmes de sécurité au palais de l'Elysée? D'après Le Monde, qui rappelle qu'un coup de feu a été tiré par un policier le 10 avril au siège de la République française, des policiers dénoncent des "failles" dans le dispositif de sécurité. Fait rare pour une profession habituellement peu bavarde.

L'incident d'avril pourrait n'être qu'anecdotique. Un membre du Groupe de sécurité et de protection de la présidence de la république (GSPR) aurait fait tomber son arme et provoqué un tir en essayant de la rattraper. La balle a ricoché avant de terminer sa course dans un mur. Sauf que, d'après les informations du Monde, aucune sanction n'a été prise et ni le commandement militaire, chargé de la sécurité à l’Elysée, ni même François Hollande n’auraient été directement informés de cet incident. "Un fonctionnaire a fait tomber son arme et a tiré en voulant la rattraper à 10 centimètres du sol, alors qu’il aurait dû la laisser tomber", relativise-t-on à l'Elysée. "La sécurité du président est assurée en tout lieu et en toute circonstance", assure-t-on auprès de BFMTV. Concernant l'incident d'avril, "le président de la République a été informé le jour même", selon le palais.

"La sécurité du président n'est pas assurée"

Mais les trois policiers et gendarmes du GSPR qui se sont confiés au Monde sont d'un autre avis.

"On ne peut pas faire correctement notre travail", admet l'un d'eux alors qu'un autre va jusqu'à affirmer que "la sécurité du président n’est pas assurée".

Selon ce dernier, il existe "beaucoup d’incohérences sécuritaires et de failles qu’on pourrait éviter". 

En arrivant à l'Elysée, François Hollande a quelque peu bousculé l'organisation en réintégrant les gendarmes au GSPR. Puis en novembre 2014, après l'histoire des photos volées, il a remercié les agents du service privé.

Les sources du Monde racontent aussi que des recrutements incompréhensibles ont eu lieu. Un ancien responsable de la lutte contre le hooliganisme, un fonctionnaire "que beaucoup disent porté sur la boisson", un autre "mis de côté pour des problèmes psychologiques, à qui on avait retiré son arme", feraient désormais partie de l'entourage du président. 

Le 7 janvier, "le président dans un espace suicidaire"

Et ce n'est pas tout, selon les membres du GSPR, le véhicule présidentiel n'est pas automatiquement déminé, des chauffeurs non habilités à la conduite rapide ont été utilisés et certains hommes manqueraient de condition physique et d'entraînement au tir.

"Ce n’est pas digne d’une unité de ce niveau", tranche une des sources. Selon un autre, les hommes rechigneraient carrément à aller s’entraîner "car on ne veut pas montrer qu’on est nuls".

Une légèreté qui inquiète. Le 7 janvier, lorsque François Hollande - pourtant un des chefs d'Etats les plus menacés - s'est rendu sur les lieux de l'attaque de Charlie Hebdo, "on n’a même pas fait passer un chien. Nous avons amené le président dans un espace suicidaire", résume un membre du GSPR dans Le Monde. Interrogé par BFMTV, l'Elysée rappelle que "le ministère de l'Intérieur était déjà sur place depuis 30 minutes et a accueilli le président de la République". 

"Hollande fait n'importe quoi"

"Hollande fait n’importe quoi. Il est assez difficile à sécuriser", explique encore un fonctionnaire, au sujet non seulement des bains de foule mais aussi de sorties "totalement secrètes" du président, effectuées avec un seul garde du corps. On pense évidemment aux clichés de François Hollande sortant de chez Julie Gayet qui avaient défrayé la chronique. "C’était très facile de l’arracher, de l’enlever", commente un membre du GSPR quand un autre s'interroge: "c’était un appareil photo. Mais si ç’avait été un fusil, c’était pareil".

Sophie Hatt, la patronne du GSPR, promet de son côté que "la sécurité du président, depuis le 29 mai 2012, a toujours été assurée de façon satisfaisante".

A. D.