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Élysée

Les libérations d'otages, timides éclaircies dans le ciel de Hollande

Le 30 octobre 2013, François Hollande accueillait Marc Feret et Pierre Legrand, kidnappés en 2010 au Niger.

Le 30 octobre 2013, François Hollande accueillait Marc Feret et Pierre Legrand, kidnappés en 2010 au Niger. - -

Les quatre journalistes français samedi, la famille Moulin-Fournier, le père Vandenbeusch... Les libérations d'otages sont de brefs instants de répit pour François Hollande, mais n'ont pas d'impact significatif sur l'opinion.

Le week-end pascal promettait d'être dominé par la démission fracassante vendredi d'Aquilino Morelle, le conseiller politique de François Hollande accusé par Mediapart d'avoir mélangé les genres, à la fois haut fonctionnaire de l'Inspection générale des affaires sociales et lobbyiste pour le compte de l'industrie pharmaceutique.

Mais la libération de Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres vient balayer, au moins pour quelques heures, le débat sur cette "République exemplaire" promise par le candidat Hollande et une nouvelle fois mise à mal. Le président ira accueillir les ex-otages à Villacoublay dimanche matin et ne laissera à personne d'autre le soin de le faire, au moment où son nouveau Premier ministre, Manuel Valls, est omniprésent.

Les images du tarmac de la base aérienne balaieront tout le reste, y compris le débat suscité par la petite phrase lâchée vendredi par le chef de l'Etat, qui a exclu de briguer un second mandat si le chômage ne reculait pas d'ici à 2017.

Un an plus tôt, la famille Moulin-Fournier libérée

Un an plus tôt jour pour jour, c'est une autre libération d'otages qui faisait la une de l'actualité. Après deux mois de détention, sept membres de la famille Moulin-Fournier, dont quatre enfants, étaient arrachés des griffes de la secte islamiste Boko Haram au Nigeria. A l'époque, Jérôme Cahuzac faisait les gros titres tandis que le débat sur le mariage homo enflammait les esprits.

Le 1er janvier dernier, le père Georges Vandenbeusch, également enlevé par Boko Haram, était accueilli par François Hollande, une fois encore un bref répit pour le chef de l'Etat empêtré dans sa promesse non tenue d'une inversion de la courbe ascendante du chômage.

"Il n'y a pas de règle"

Pour Jérôme Sainte-Marie, de l'Institut PollingVox, les libérations d'otages n'ont "aucun effet" sur la cote de popularité des présidents même s'ils "saturent l'espace politico-médiatique pendant 24 ou 48 heures, ce qui peut être utile après l'affaire Aquilino Morelle". Le politologue en veut pour preuve l'entre-deux tour de l'élection présidentielle de 1988. "La libération des otages du Liban n'avait eu aucun impact électoral, au contraire, pour Jacques Chirac", Premier ministre de cohabitation de François Mitterrand, réélu quelques jours plus tard avec 54% des voix.

D'une manière générale, observe-t-il, les prises d'otages ne suscitent "plus du tout la même dramatisation que dans les années 80 au Liban ou 2000 en Irak" et cette banalisation "se double de polémiques sur les conditions de la libération ou le versement de rançons" qui rendent les gains politiques "dérisoires".

"Il n'y a pas d'impact direct sur la cote de popularité des présidents", confirme Jérôme Fourquet, de l'Ifop, qui, au-delà "du sentiment positif de l'opinon", souligne que "les questions des otages ne sont pas au coeur des préoccupations des Français" et que leur libération "n'est pas toujours mise au crédit de l'exécutif". "Nicolas Sarkozy n'avait tiré aucun bénéfice de la libération d'Ingrid Betancourt en juillet 2008 mais il avait gagné 6 points après celle de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière en juin 2011", note-t-il encore. Bref, "il n'y a pas de règle", résume Jérôme Fourquet.

A. G. avec AFP