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Élysée

Le jour où Emmanuel Macron a pris la décision d'activer le 49.3 pour faire passer la réforme des retraites

Le long format Ligne Rouge "Emmanuel Macron, dans la tête du président réélu", diffusé sur BFMTV ce lundi soir, revient sur la décision du président de la République d'activer le 49.3 sur la réforme des retraites.

La décision a fait couler beaucoup d'encre. Le 16 mars, Emmanuel Macron choisit l'option du 49.3 sur la réforme des retraites, faute de pouvoir s'assurer du soutien unanime des députés Les Républicains. Le texte passe sans vote à l'Assemblée nationale. Le mouvement social bascule dans une autre dimension.

Jusqu'ici très bien tenu par les organisations syndicales, il est alors entaché de plusieurs violences, symboles de la colère grandissante envers le président de la République, accusé de passer en force, contre l'avis de la représentation nationale, des Français et des organisations syndicales.

"Majorité"

Jusqu'au bout, le camp présidentiel a espéré qu'il pourrait passer par un vote. Quitte à verser dans la méthode Coué. Certes le "49.3 est un outil constitutionnel", mais "ce n'est pas non-plus un outil qu'on est prêt à dégainer", indiquait par exemple Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, trois jours avant que l'article couperet soit enclenché.

Le jour J, le président de la République et ses alliés font les derniers états des lieux. Pas moins de trois réunions ont lieu à l'Élysée avant la séance publique, prévue à 15 heures.

"La seule question qu'on se pose, c'est: est-ce qu'il y a ou pas une majorité?", témoigne Aurore Bergé, cheffe de file des députés macronistes, dans le long format Ligne Rouge "Emmanuel Macron, dans la tête du président réélu", diffusé sur BFMTV lundi soir.

Aurore Bergé poursuit: "Toute la journée, on va compter, recompter, comparer, vérifier ce que nous dit l'un, ce que nous dit l'autre du côté des Républicains, comparer les versions pour être sûrs".

"Tu lâches ou tu dégages"

A droite, les violons ne sont toujours pas accordés. Certains députés, à l'image d'Aurélien Pradié, ruent dans les brancards. L'élu du Liot écume les plateaux télé pour faire savoir qu'il votera contre la réforme des retraites. "Cette journée, elle est extrêmement tendue, jusqu'à la toute dernière minute, jusqu'au dernier moment où je reçois des derniers coups de fils", retrace l'élu, ajoutant:

"Je me souviens d'une discussion avec l'un de mes amis politiques où on se dit qu'on est à un moment de vérité. Il me croise, il me prend par le bras, et il me dit: 'tu lâches ou tu dégages'. Mon choix a été de ne pas lâcher."

Les dirigeants Les Républicains finissent par appeler: le compte n'y sera pas. Lors d'une dernière réunion, à 14 heures, Emmanuel Macron prend la décision d'activer le 49.3. C'est Élisabeth Borne qui annonce la décision devant les parlementaires, engageant ainsi la responsabilité du gouvernement sous les huées.

"Il n'est plus le président tout-puissant"

La Première ministre avait indiqué au préalable qu'elle était prête à servir de "fusible" si un tel scénario devait se produire. La suite? Des violences donc, mais aussi une chute dans l'opinion qui amène la popularité du chef de l'État au plus bas.

Jusqu'au bout, ce président, guidé par l'obsession de séduire, a cru qu'il pourrait convaincre. "Il aura mis toute cette période, qui dure un peu plus de 100 jours, pour comprendre qu'il est en majorité relative, qu'il n'a plus les mêmes pouvoirs, qu'il faut qu'il fasse autrement", analyse Corinne Lhaïk, journaliste à L'Opinion.

"Il n'est plus le président tout-puissant, il aura mis un an à en prendre conscience".

Depuis, Emmanuel Macron a fait son retour sur le terrain, lui qui avait laissé sa Première ministre Élisabeth Borne en première ligne sur la réforme des retraites. Le président de la République a multiplié les annonces, cherchant ainsi à relancer la suite de son second quinquennat. Il semble avoir retrouvé un peu d'oxygène et opère une petite remontée dans l'opinion des Français, avec des sondages autour de 30%.

Baptiste Farge