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Élysée

Le gouvernement en veut à l'opposition après les violences du week-end

Manifestation des gilets jaunes à Paris le 5 janvier 2019

Manifestation des gilets jaunes à Paris le 5 janvier 2019 - ABDUL ABEISSA / AFP

Alors que la porte de son ministère a été défoncée samedi, Benjamin Griveaux a dénoncé ce lundi le manque de réactions des "patrons" des partis d'opposition après les violences en marge de la 8e journée de mobilisation nationale des gilets jaunes.

Le gouvernement n'en démord pas. Après un samedi de mobilisation des gilets jaunes marqué par de nouveaux débordements, plusieurs ministres se sont émus de la mollesse des condamnations de ces faits par l'opposition. Si dès samedi soir les porte-parole de plusieurs partis ont bien dénoncé les violences, Benjamin Griveaux, dont la porte du ministère a été détruite et qui a dû être évacué après l’intrusion de gilets jaunes dans l’établissement, a pointé le manque de réaction des "patrons" de l’opposition.

"Aucun patron d'aucun parti d'opposition n'a eu de réaction suite à l'intrusion dans mon ministère, suite aux violences sur la mairie de Rennes, sur les préfectures. C'est une capitulation morale et intellectuelle d'une grande partie des opposants politiques", a-t-il dénoncé ce lundi sur France Inter.

Coups pour coups

"Quand on est incapable d'avoir la moindre réaction lorsque des bâtiments publics, des parlementaires, des institutions sont mis en cause par des factieux et des violents, oui, on a quitté le champ républicain", a ajouté le porte-parole du gouvernement au sujet de Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise.

Plus tôt dans la journée, c’est Gérald Darmanin sur RTL qui a dénoncé le "silence coupable" de Laurent Wauquiez, le chef de file des Républicains ainsi que celui de Jean-Luc Mélenchon. Reprenant les mêmes éléments de langage que Benjamin Griveaux, le ministre de l’Action et des Comptes publics a estimé que les deux leaders d’oppositions se mettaient "en dehors de la République en étant soit silencieux soit complice".

La réponse de Jean-Luc Mélenchon n’a pas tardé. En début d’après-midi, le leader de la France Insoumise a ironisé sur la porte du ministère de Benjamin Griveaux: "Il veut plus de respect pour la porte d’un ministère que Belloubet (la ministre de la Justice, NDLR) n’en eu pour celle de chez moi. Sa porte est sacrée? La République c’est sa porte?", a-t-il écrit sur Twitter, faisant référence aux perquisitions à son domicile et au siège de son parti en octobre dernier.

Les propos de Benjamin Griveaux et les violences policières pointés du doigt

Plusieurs responsables politiques ont condamné les débordements tout en pointant du doigt les forces de l'ordre. Dimanche, Nicolas Dupont-Aignan le président de Debout La France, a dénoncé la brutalité des policiers mobilisés:

"L'Etat de droit n'est pas à sens unique, il s'applique aussi au gouvernement qui ne devrait pas donner des consignes de brutalité", alors qu'une enquête de l'IGPN a été ouverte après qu'un commandant de police a été filmé en train de frapper deux manifestants à Toulon.

Ce lundi, c'est Éric Coquerel, député de la France Insoumise qui a assuré que la violence n'était pas la "solution" tout en dénonçant l’usage excessif de la force par les policiers et les gendarmes mobilisés: "Je refuse de voir les violences uniquement du côté des gilets jaunes", a-t-il affirmé sur notre antenne, pointant du doigt l'inaction du gouvernement face au mouvement comme déclencheur des débordements et des affrontements.

50.000 personnes mobilisées

Du côté du Rassemblement national, des condamnations pondérées ont fusé: "Oui je condamne, mais la parole publique a un poids et quand Benjamin Griveaux se permet d’insulter les gens, certains le prennent à la lettre", a assuré sur notre antenne Louis Aliot, le député du Rassemblement national ce lundi matin. Mercredi dernier, en marge du premier conseil des ministres de l'année, Benjamin Griveaux avait estimé que le mouvement des gilets jaunes était devenu "le fait d'agitateurs" voulant "l'insurrection et au fond renverser le gouvernement". 

Après l'essoufflement de la mobilisation lors des fêtes de fin d'année, les gilets jaunes ont repris du poil de la bête, alors que plus de 50.000 personnes ont manifesté dans toute la France samedi. Un "acte 8", comme ils le surnomment, marqué par des violences et des dégradations notamment dans la cour du ministère des relations avec le Parlement. Les forces de l'ordre ont arrêté 345 personnes et prononcé 281 placements en garde à vue.

Guillaume Dussourt