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Élysée

Le baromètre des éditorialistes - "C'est une déception pour la CGT"

Des manifestants contre la réforme du code du travail, le 12 septembre 2017 à Toulouse.

Des manifestants contre la réforme du code du travail, le 12 septembre 2017 à Toulouse. - Eric Cabanis - AFP

Les éditorialistes de BFMTV reviennent sur la journée de manifestation qui a réuni 223.000 personnes dans toute la France ce mardi à l'appel de la CGT, pour une première mobilisation contre la réforme du code du travail.

La première mobilisation contre la réforme du code du travail a-t-elle été un succès ou un échec? Ce mardi, 400.000 personnes ont défilé dans les rues selon la CGT, à l'origine de l'appel, 223.000 selon le ministère de l'Intérieur. Une première mobilisation en demi-teinte pour nos éditorialistes.

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> Christophe Barbier: "C'est quand même une déception pour la CGT"

"Pavé à demi-plein ou pavé à demi-vide, c’est quand même une déception pour la CGT, d’autant qu’elle s’est fait un peu voler la vedette de trois manières. D’abord par Jean-Luc Mélenchon ce mardi matin, qui a été le héros de la manifestation à Marseille, qui a tiré à lui un peu de l’intérêt en prémisse de sa manifestation à lui du 23 septembre. Ensuite par Marcel Campion et ses forains qui ont profité de cette journée pour venir défendre leur monopole sur leur fromage habituel, de manière un peu étrange. Et puis aussi par les casseurs, parce qu’une fois de plus le service d’ordre de la CGT n’a pas été capable de se tenir à l’écart, à l’abri, de ces casseurs qui viennent maintenant régulièrement et qui ne se cachent pas. La CGT en est la victime. Je ne parle pas d’Emmanuel Macron, qui a profité de cette journée pour se montrer aux Antilles, essayer de s’afficher aux côtés des Français qui souffrent 'vraiment', sous-entendu. (...) Ça ne se joue pas sur une seule journée, il y aura d’autres réformes. Je pense que le vrai échec, c’est peut-être que dans ces ordonnances il n’y a pas LE thème qui peut mettre dans la rue les Français. (...) Macron sait que s’il arrête de réformer, il s’effondre. (...) Maintenant, s’il réforme trop fort avec des mots trop maladroits et un calendrier qui n’est pas maîtrisé, il va bloquer le pays parce qu’à ce moment-là, il y aura des manifestations qui réussiront vraiment."

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> Hervé Gattegno: "La CGT elle-même comprend que l'obstacle est très difficile à franchir"

"On n’a pas le sentiment que les syndicats et les manifestants d’aujourd’hui aient fait autre chose qu’abaisser un peu la barre qu’il était question d’atteindre. (...) Il ne faut insulter personne, ce n’est pas négligeable de voir des dizaines de milliers de personnes qui descendent dans la rue un jour de semaine pour protester. Mais pour autant, quand on voit la CGT parler de succès pour cette manifestation-là, comparée à d’autres épisodes que l’on a connus, évidemment sur la loi El Khomri mais aussi (contre le plan) Juppé en 1995, (...) la CGT elle-même comprend que l’obstacle est très difficile à franchir."

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> Thierry Arnaud: "Il y suffisamment de monde dans la rue pour que le gouvernement ne soit pas totalement serein"

"La première impression de la journée était d’une mobilisation qui n’était pas extraordinaire, cela étant dit, 220.000 selon la police, 400.000 selon la CGT, cela fait quand même du monde. (...) Il n’y a pas de raison de paniquer au gouvernement à ce stade, mais il y a quand même suffisamment de monde dans la rue pour que le gouvernement ne soit pas totalement serein sur le sujet. (...) Ça met un peu la pression sur Jean-Luc Mélenchon pour le 23 septembre précisément, parce qu’on peut dire que d’une certaine manière la CGT aujourd’hui a à peu près réussi son coup avec une mobilisation honorable, et donc on va évidemment comparer".

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> Ruth Elkrief: "L’objectif de Jean-Luc Mélenchon est de se présenter le 23 comme le vrai chef de l’opposition"

"On a vu la stratégie aujourd’hui de Jean-Luc Mélenchon ou de Clémentine Autain: la main tendue, 'ce n’est pas nous qui sommes fâchés'. Ils sont aux manifestations, ils reconnaissent le rôle des syndicats pour que s’agrègent à leurs propres militants des militants syndicaux qui se diront 'j’y vais aussi' (le 23). (...) Donc faire vraiment masse avec l’objectif fondamental, peut-être de rejeter la loi travail. (...) Mais quel est l’objectif de Jean-Luc Mélenchon? C’est de se présenter le samedi 23 (septembre, NDLR) comme le vrai chef de l’opposition à Emmanuel Macron. Ce qu’il fait aujourd'hui, c’est de parler aux syndicalistes, de leur dire 'venez chez moi, venez le 23, vous y serez bien accueillis la preuve je viens chez vous et je viens avec vous'. Seulement certains peuvent se dire 'non, je n’ai pas envie d’être récupéré politiquement'. (...) Mais on voit bien qu’il y a une stratégie de ce côté-là.".

L.A.