BFMTV
Élysée

La "dignité" de François Hollande saluée par la classe politique

François Hollande le 1er décembre 2016

François Hollande le 1er décembre 2016 - BFMTV

Après l'annonce de François Hollande ce jeudi soir qui ne se présentera pas à sa propre succession, certains politiques ont salué la "dignité" du président. D'autres ont estimé que ce renoncement était un "aveu d'échec".

François Hollande a annoncé jeudi soir renoncer à se présenter en 2017. Un coup de théâtre et une annonce inédite dans l'histoire de la Ve République. Les réactions de la classe politique n'ont pas tardé.

"Dignité", "courage" et "sagesse"

Nombre de personnalités ont salué une décision "digne et courageuse", comme son ancien chef de gouvernement Jean-Marc Ayrault. L'actuel ministre des Affaires étrangères a estimé que la seule motivation du président était "l'intérêt supérieur de la France".

Même hommage rendu par André Vallini, le secrétaire d'État chargé du Développement et de la francophonie, qui a évoqué sur Twitter la "dignité" et "l'abnégation" du président. Le conseiller départemental de l'Isère a même estimé que "l'histoire rendra justice à François Hollande, à son action pour la France et pour les Français".

Dans un communiqué de presse, Sylvia Pinel, la présidente du Parti radical de gauche et ancienne ministre du Commerce puis du Logement, a également salué "la dignité et le sens des responsabilités de François Hollande". 

"Une décision sage et raisonnable", a également estimé Jean-Luc Roméro, conseiller régional socialiste d'Île-de-France.

Benoît Hamon, candidat à la primaire de la gauche et farouche opposant au président depuis la loi Travail, a tout de même rendu hommage à "l'humilité" de François Hollande.

"C'était une décision pas simple pour le président de la République. C'est rare dans la Ve République de faire un tel choix. Il y a là une forme d'humilité et de lucidité qu'il faut reconnaître", a-t-il estimé sur BFMTV.

Tout comme Emmanuel Macron, qui a salué "une décision courageuse" bien que ce dernier ait démissionné du gouvernement et décidé de se présenter en 2017. "Je suis très sensible au message du président de la République (...) prendre cette décision n'est pas neutre, quelque soit son impopularité actuelle", a estimé le leader du mouvement En Marche.

Le choix d'un "homme d'État"

Dans le même registre, Jean-Luc Bennahmias, député européen et membre du conseil économique, social et environnemental, a tenu à lui rendre hommage. "L'homme politique François Hollande cède définitivement la place à l'homme d'État". Et selon lui, "l'histoire reconnaîtra ce que la France lui doit".

C'est également ce qu'a considéré Manuel Valls, qui a évoqué "un choix difficile, mûri, grave. C'est le choix d'un homme d'État". Le Premier ministre, qui pourrait annoncer prochainement sa candidature à l'élection présidentielle, a souhaité adresser à François Hollande "mon émotion, mon respect, ma fidélité et mon affection".

Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du Parti socialiste, a pour sa part rendu hommage à "l'élégance" de François Hollande et à sa "hauteur de vue".

"Je salue son sens des responsabilités", a pour sa part estimé sur BFMTV François de Rugy, candidat à la primaire de la gauche. "Il a tiré les conclusions logiques d'une situation politique qui durait depuis des années et ne lui permettait pas d'être réélu."

Pour Didier Guillaume, président du groupe PS au Sénat, François Hollande a montré qu'il était "un grand président, capable de prendre des décisions fortes" alors qu'il a été "traîné dans la boue", a-t-il regretté sur BFMTV.

Plus surprenant venant de la droite, Christian Estrosi, le président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, a salué la dignité du geste de François Hollande dans plusieurs tweets, estimant qu'il était "rare dans la vie politique de privilégier l'intérêt général du pays plutôt que son ego et ses sentiments personnels".

La "lucidité" du président

Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Éducation nationale, a quant à elle estimé que c'était "la décision la plus lucide" du quinquennat de François Hollande. Tout comme Razzy Hammadi, député socialiste de Seine-Saint-Denis, qui a évoqué sur BFMTV "sa tristesse" mais aussi la "lucidité" du président. "Je partage le réalisme et la lucidité qui ont été les siens", a-t-il ajouté.

  • Laurent Baumel, député socialiste frondeur d'Indre-et-Loire, a également estimé que ce renoncement était "un acte lucide". "François Hollande a mené une politique qui l'a éloigné de la gauche et de ses électeurs et qui a conduit a de nombreuses défaites des socialistes aux élections locales". Selon lui, "il constate qu'il n'est pas en mesure d'incarner la gauche à la prochaine élection présidentielle".

Aurélie Filippetti, ancienne ministre de la Culture, a estimé sur BFMTV que François Hollande a pris "une décision très responsable et courageuse". "Mais en même temps, selon la députée PS de la Moselle, c'était la seule décision qui s'imposait."

Un "aveu d'échec"

D'autres responsables politiques ont estimé que ce renoncement était avant tout un "aveu d'échec". Comme Jean-Luc Mélenchon, député européen et candidat à l'élection présidentielle.

La droite ne s'est pas montrée tendre avec le locataire de l'Élysée. François Fillon, qui sera le candidat de la droite en 2017, a estimé que François Hollande avait "admis avec lucidité son échec", ajoutant que ce quinquennat s'achevait "dans la pagaille politique et la déliquescence du pouvoir".

"S'il y avait eu un petit trou de souris, François Hollande aurait pris une décision inverse, a déclaré sur BFMTV Bruno Retailleau, sénateur LR de la Vendée. C'est le dépôt de bilan qu'un quinquennat qui est raté."

Même point de vue pour Eric Ciotti, député Les Républicains et président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, qui évoque "un échec total". "François Hollande aura tout échoué dans sa fonction présidentielle", a-t-il précisé sur BFMTV.

Éric Woerth, député LR de l'Oise, s'est montré sévère et a estimé sur BFMTV que François Hollande, "incapable de fédérer la gauche", a tiré les conséquences d'une "longue série d'échecs". "L'autorité du président a été totalement dégradée" durant le quinquennat, a-t-il également dénoncé.

Une "bonne chose"

Benoist Apparu, ancien porte-parole d'Alain Juppé et député LR de la Marne, a estimé que ce renoncement était "une fin bizarre" et "dramatique" pour "ce quinquennat tout aussi bizarre". Thierry Solère, porte-parole de François Fillon, ne s'est pas montré plus tendre. Il a dénoncé sur BFMTV "une crise politique" au sein du gouvernement.

Pour Gilbert Collard, député d'extrême droite du Gard, François Hollande a renoncé "à cause de la pression qu'a exercé sur lui Manuel Valls et de la crainte de l'humiliation que les primaires auraient pu lui infliger", a-t-il jugé sur BFMTV.

  • Florian Philippot, vice-président du Front national, a pour sa part considéré sur BFMTV que c'était "une bonne chose". "C'est sage de la part de François Hollande après un quinquennat qui était catastrophique. Je ne sais s'il avait le choix étant donné que ses chances étaient très très minces voire infimes. Mais c'est quand même une bonne chose pour la France et les Français." Selon lui, ce renoncement "historique" en dit "long sur la déliquescence et la fatigue de la vie politique française".
Céline Hussonnois-Alaya