L’Elysée et Matignon se partagent 11 conseillers

Innovation dans la Ve République: Emmanuel Macron et Edouard Philippe se partagent onze conseillers communs pour plus de "cohérence" et d'"efficacité".

Onze conseillers communs travaillent désormais entre l’Elysée et Matignon, raconte Le Monde lundi. Objectif affiché? Gagner en "cohérence" et en "efficacité" selon un des proches d’Emmanuel Macron. Fin observateur du quinquennat de François Hollande, au cours duquel il a occupé les postes de Secrétaire général adjoint de l’Elysée entre 2012 et 2014 et de ministre de l’économie de 2014 à 2016, Emmanuel Macron veut éviter de reproduire les mêmes erreurs que son prédécesseur. 

En nommant onze conseillers communs entre l’Elysée et Matignon, son objectif est clair: "Emmanuel Macron a beaucoup réfléchi à la meilleure façon de faire fonctionner l’Etat," explique un de ses proches à l’Elysée. "Son idée est qu’il faut plus de cohérence et plus d’efficacité."

"Depuis des années, la dyarchie Matignon-Elysée créait de l’incohérence. Avoir des conseillers communs amène de la convergence naturelle, c’est autobloquant des divergences. Plus il y a de monde, plus vous créez de la dissension. Il ne faut pas qu’il y ait trop de gens intelligents autour de la table…" explique l’entourage du président de la République.

De nombreux secteurs concernés

Ces onze conseillers travaillent dans des secteurs majeurs tels que le logement, l’énergie, la protection sociale, les transports ou encore la fiscalité. Ils assistent aux mêmes réunions de travail et adressent leurs notes au président de la République et au Premier ministre.

Parmi les conseillers, on retrouve notamment Cédric O, chargé des participations de l’Etat et de l’économie numérique ou encore Diane Simiu, conseillère technique écologie.

Des conseillers communs plus proches de l’Elysée que de Matignon ? 

Seule ombre au tableau : certains conseillers communs restent plus proches d’Emmanuel Macron que d’Edouard Philippe. Benoît Ribadeau-Dumas, le directeur de cabinet du premier ministre, a confirmé au journal Le Monde s’être appuyé sur Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, pour traiter un dossier.

"En agissant ainsi, Macron met sous tutelle son premier ministre. Les conseillers se tourneront toujours vers celui qui a le pouvoir, estime Christophe Lantoine, ancien chef de cabinet d’Arnaud Montebourg à Bercy."

Une solution pour y remédier? "Mettre des conseillers communs entre l’Elysée et Matignon, cela ne peut fonctionner que s’il y a une absolue confiance entre le président et son premier ministre", selon une ex-membre de cabinet du précédent quinquennat.

Cette initiative d’Emmanuel Macron, qui permet par ailleurs de faire quelques économies dans le budget de l’Elysée, en rappelle une autre qui lui est chère: limiter à dix le nombre de conseillers dévolus à chacun de ses ministres. 

P.A.