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Élysée

Ils ont "supplié" Hollande de porter une tenue traditionnelle à Wallis

François Hollande a accepté de porter des colliers de fleurs mais pas de pagne traditionnel à Wallis.

François Hollande a accepté de porter des colliers de fleurs mais pas de pagne traditionnel à Wallis. - Stéphane de Sakutin - AFP

François Hollande savait qu'il serait accueilli avec faste dimanche par les Wallisiens, selon les rites et traditions de cet archipel reculé du Pacifique. Ayant en tête les railleries sur sa chapka lors d'une visite au Kazakhstan, il a tout fait pour éviter de telles images.

Aucun Président ne s'était rendu à Wallis depuis Valéry Giscard d'Estaing, en 1979. L'archipel de Wallis-et-Futuna a donc témoigné lundi de son attachement à la République française en recevant avec chaleur François Hollande.

Perdues dans le Pacifique sud, les îles de "Wallis et Futuna sont loin de la France par la distance mais proches de la France par le cœur", a lancé le ministre de la Justice coutumier Mikaele Tauhavili recevant le chef de l'Etat.

En son honneur, la chefferie du royaume d'Uvéa, l'un des trois royaumes coutumiers que compte l'archipel, a organisé sous une pluie tropicale tenace la cérémonie du Kava, du nom d'un breuvage sacré à base de racines et de branches de poivrier broyées, diluées et malaxées.

Et si François Hollande était prêt à faire un voyage de plus de 40.000 kilomètres pour honorer sa promesse de visiter tous les territoires d'outre-mer habités, il n'était pas prêt à revivre les railleries qui ont accompagné les photos du chef de l'Etat en chapka lors d'une visite au Kazakhstan en décembre 2014. 

Des armes pour être "redoutable"

Mais François Hollande a eu affaire à une hôte déterminée. "On nous a dit que vous ne pouviez pas porter la tenue traditionnelle. (...) Mais je vous supplie de nous autoriser à vous faire porter le collier et la tenue traditionnelle. Cela vous permettra d'entrer en totale sérénité dans notre cérémonie du Kava", a-t-telle insisté.

Le chef de l'Etat a laissé de côté le pagne mais gardé un collier de fleurs. A ses côtés, la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin a accepté de superposer les colliers de fleurs et gardé le pagne sur ses genoux. Pour l'occasion, une trentaine de porcs avaient été abattus puis alignés face à lui, mi-cuits et pattes en l'air, sur une pelouse, le plus gros lui étant offert symboliquement.

Un peu plus tard, devant l'Assemblée territoriale, François Hollande a multiplié les promesses: plus de crédits pour la santé, l'installation d'un centre de dialyse et d'un scanner, un prix de l'électricité, aujourd'hui cinq fois supérieur à celui de la Métropole, ramené progressivement au même niveau d'ici à 2020, une nouvelle liaison aérienne...

Le président de l'Assemblée Territoriale de Wallis et Futuna lui a offert avec humour quelques cadeaux. Mika Kulimoetoke a ainsi tendu un javelot pour "l'homme politique". "Je vais devenir redoutable avec cet armement", lui a répondu le chef de l'Etat, qui a ensuite reçu "une herminette pour les œuvres à venir pour le président du conseil des ministres". "Je pense que les ministres apprécieront", a souri François Hollande.

Deux lundi 22 février

Dans son avion pour Tahiti, le président, mal à l'aise, a demandé aux journalistes présents "d'apporter les nuances nécessaires". "Je sais ce que cela peut représenter, c'est le respect qu'on doit aux populations. (...) Tous les présidents se sont prêtés au jeu. Ne pas le faire peut être une marque d'irrespect. Le faire peut être vu comme une forme d'exhibition qui peut paraître décalée, de loin", a-t-il expliqué.

Pour l'anecdote, le chef de l'Etat a vécu un premier lundi 22 février en se rendant à Wallis-et-Futuna et en vivra un second à Tahiti. La raison? Il franchira à l'aller et au retour la ligne de changement de date qui passe entre les deux archipels.

Une visite plus sensible en Polynésie française

Wallis était la première étape d'un périple de plus de 45.000 kilomètres qui a conduit le président quelques heures plus tard à Futuna, une île volcanique d'une dizaine de kilomètres de long et peuplée d'un peu plus de 3.000 habitants. Jamais encore un président de la République ne s'y était rendu.

François Hollande enchaînera ensuite avec la Polynésie française, une visite plus "sensible" politiquement, selon ses propres mots. Il s'agira alors, selon l'Elysée, au-delà de l'accueil avec forces colliers de fleurs et danses traditionnelles, de "solenniser une relation avec la République un peu abîmée et froissée" lors du précédent quinquennat.

Avec un "enjeu principal": l'indemnisation des victimes des 193 essais nucléaires que la France a conduits de 1966 à 1996 sur les atolls de Mururoa et Fangataufa. "Où ma parole sera la plus attendue, ce sera sur les réparations, les indemnisations liées aux essais nucléaires", a confirmé François Hollande.

K. L.