Hommage national et dernières volontés: deux cercueils entreront "vides" au Panthéon
Les cercueils de deux des quatre héros de la Résistance qui entreront au Panthéon mercredi seront en réalité vides, révélait en mars Le Progrès. Les cercueils de Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz ne contiendront pas les dépouilles des corps des deux résistantes transférées aux côtés des de Pierre Brossolette et Jean Zay. Les familles, qui ont le dernier mot en la matière, ont obtenu de l'Elysée que les dépouilles des deux héroïnes restent à leurs emplacements.
La volonté des familles et des défuntes respectée
"Nous sommes très heureux que Germaine entre au Panthéon, mais nous ne tenons pas à ce que son corps quitte la tombe familiale, je souhaite qu’elle ne soit pas séparée de la famille", expliquait sa nièce Emilie Sabeau-Jouannet", au Progrès. Germaine Tillion ne sera donc pas exhumée du cimetière de Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne. Une fin de non-recevoir qui fait aussi écho à un déchirement plus profond et imparable. La famille Tillon n'a pu se recueillir sur la tombe d'Emilie Tillion, mère de Germaine, exterminée dans les chambres à gaz nazies en 1945. Germaine Tillion, ethnologue morte en 2008, était elle-même revenue du camp de Ravensbrück, situé au nord de Berlin.
Son amie Geneviève de Gaulle-Anthonioz est, comme Germaine Tillion, une survivante de camp d'extermination réservé aux femmes de Ravensbrück. Morte en 2002, la nièce du Général de Gaulle qui fut la présidente pendant plus d'une trentaine d'années du mouvement de lutte contre la pauvreté ATD Quart Monde, est pour sa part enterrée dans le cimetière de Bossey en Haute-Savoie, auprès de son mari.
Dépouille ou non, une portée symbolique tout aussi grande
Que contiendront alors les cercueils des deux résistantes? Ils ne seront en réalité pas vides, mais contiendront une urne funéraire dans laquelle aura été déposée de la terre prélevée sur leurs tombes. Germaine Tillion et de Geneviève de Gaulle-Anthonioz iront donc au moins symboliquement rejoindre deux autres femmes auxquelles la Nation a rendu hommage: la physicienne Marie Curie (en 1995) et Sophie Berthelot. Et encore, cette dernière n'y figure qu'en qualité d'épouse du chimiste Marcellin. Avant que François Hollande ne souhaite porter la parité dans tous les domaines, y compris celui des panthéonisations, le temple laïc de la Montagne Sainte-Geneviève n'accueillait que deux femmes, contre 69 hommes.
Ce n'est cependant pas la première fois qu'un transfert est refusé par les familles des panthéonisés. Ainsi Jean, le fils d'Albert Camus, avait-il en 2009 refusé que le corps de son père ne quitte le Vaucluse. Pour cette difficulté, mais aussi d'autres raisons, la panthéonisation voulue par Nicolas Sarkozy à l'occasion du cinquantenaire de la mort de l'écrivain n'avait pu se réaliser.