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Élysée

Hollande: un discours sobre et sensible aux Invalides

Vendredi lors de la cérémonie aux Invalides en hommage aux 130 victimes des attentats du 13 novembre, François Hollande a salué une "génération" qui est "devenue le visage de la France", et en qui il a exprimé sa "confiance". Ce qu'il faut retenir de son discours.

Visage fermé dans la cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides et dans le froid automnal. Deux semaines jour pour jour après les attentats de Paris et de Saint-Denis, François Hollande a rendu un hommage national aux 130 morts - "la jeunesse de la France" - et quelque 350 blessés dénombrés lors d'attaques jihadistes sans précédent.

"130 vies arrachées, 130 destins fauchés"

"Vendredi 13 novembre, ce jour que nous n'oublierons jamais, la France a été frappée en son coeur", a-t-il commencé. "Dans un acte de guerre organisé de loin et froidement exécuté, une horde d'assassins a tué 130 des nôtres et en a blessé des centaines au nom d'une cause folle et d'un Dieu trahi. Aujourd'hui, rassemblée, la Nation pleure ses victimes", a enchaîné. le président de la République.

L'air grave, marqué par une intense émotion, une écharpe noire nouée autour du cou, le chef de l'Etat a évoqué, lors de cette cérémonie particulièrement sobre et brève (47 minutes), retransmise par des chaînes du monde entier, comme la BBC et CNN, ces "130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l'on n'entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues".

"C'est parce qu'ils étaient la vie qu'ils ont été tués. C'est parce qu'ils étaient la France qu'ils ont été abattus, c'est parce qu'ils étaient la liberté qu'ils ont été massacrés", a énuméré le Président. "Des parents qui ne reverront plus leur enfant. Des enfants qui grandiront sans leurs parents. Des couples brisés par la perte de l'être aimé. Des frères et des soeurs, pour toujours séparés".

"Détruire l'armée des fanatiques" de Daesh

François Hollande l'a aussi promis "solennellement": la France mettra "tout en oeuvre" pour "détruire l'armée des fanatiques" qui ont commis les attentats de Paris, revendiqués par Daesh.

"A vous tous, je vous promets solennellement que la France mettra tout en oeuvre pour détruire l'armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, qu'elle agira sans répit pour protéger ses enfants", a déclaré le président de la République.

"La France restera elle-même, telle que les disparus l'avaient aimée, et telle qu'ils auraient voulu qu'elle demeure", a-t-il poursuivi. "Nous ne céderons ni à la peur ni à la haine". Face aux terroristes, "nous multiplierons les chansons, les concerts, les spectacles, nous continuerons à aller dans les stades", a-t-il promis.

"La jeunesse" de la France "frappée en son coeur"

Fil rouge de son discours: l'hommage à une "génération" meurtrie pour laquelle "l'attaque du 13 novembre restera (...) comme une initiation terrible à la dureté du monde".

"Ces femmes, ces hommes (...) venaient de plus de 50 communes de France" mais "aussi du monde", a dit François Hollande, rappelant que "dix-sept pays" portaient "aujourd'hui avec nous le deuil". Ils "avaient tous les âges. Mais la plupart avaient moins de 35 ans", a-t-il souligné. "Ils étaient des enfants lors de la chute du mur de Berlin. Ils n'avaient pas eu le temps de croire à la fin de l'Histoire. Elle les avait déjà rattrapés quand survint le 11 septembre 2001".

Disant sa "confiance dans la génération qui vient", le chef de l'Etat l'a invitée à affronter la "dureté du monde" en "inventant un nouvel engagement": "Je sais que cette génération tiendra solidement le flambeau que nous lui transmettons. Je suis sûr qu'elle aura le courage de prendre pleinement en main l'avenir de notre Nation". 

"Le malheur qui a touché les martyrs du 13 novembre investit cette jeunesse de cette grande et noble tâche. La liberté ne demande pas à être vengée mais à être servie", a-t-il affirmé. 

"Je salue cette génération nouvelle. Elle a été frappée. Elle n'est pas effrayée. Elle est lucide et entreprenante, à l'image des innocents dont nous portons le deuil. Elle saura faire preuve de grandeur", a encore espéré le chef de l'Etat. "Malgré les larmes, cette génération est aujourd'hui devenue le visage de la France", a-t-il déclaré le chef de l'Etat en conclusion de son discours.

Lecture des 130 noms des morts

Auparavant, la liste des noms des victimes avait été égrenée par ordre alphabétique dans un silence glacial, de nombreuses personnes présentes contenant difficilement leurs larmes.

Le chef de l'Etat était arrivé dans la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides à 10h33 et s'était placé devant le drapeau tricolore. La Marseillaise avait ensuite retenti dans la cour d'honneur. La cérémonie, organisée deux semaines après les attentats, s'était poursuivie par une interprétation d'une chanson de Jacques Brel, Quand on n'a que l'amour, puis de Perlimpinpin, de Barbara.

Une vaste tribune de 2.650 places avait été érigée dans la cour pour accueillir les proches des victimes et les blessés. Quelques familles des victimes ont cependant refusé de s'associer à cet hommage et n'étaient pas présentes.

Outre les membres du gouvernement, de nombreuses personnalités du monde politique étaient présentes: l'ancien président Nicolas Sarkozy, les anciens Premiers ministres Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin, François Fillon, Jean-Marc Ayrault et Edith Cresson, la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo et de nombreux parlementaires dont les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l'Assemblée nationale Claude Bartolone.

Le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré, celui du Conseil économique, social et environnemental Jean-Paul Delevoye étaient également présents, de même, s'agissant des partis politiques, que Jean-Christophe Cambadélis (PS), François Bayrou (MoDem), Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), Emmanuelle Cosse (EELV) et Marine Le Pen (FN).

V.R. avec AFP