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Élysée

Hollande reconnait "l'impact environnemental et sanitaire" des essais nucléaires

François Hollande effectue un déplacement dans le Pacifique.

François Hollande effectue un déplacement dans le Pacifique. - Grégory Boissy - AFP

François Hollande a annoncé lundi à Papeete une révision des conditions d'indemnisation des victimes des essais nucléaires menés pendant trente ans par la France tout en reconnaissant leur "impact" sur l'environnement et la santé en Polynésie française. Un pas de plus mais un pas insuffisant selon les associations de défense des victimes.

En visite à Tahiti, François Hollande a rappelé la dette que la France a, encore aujourd'hui, envers les populations locales. "Cette contribution, à travers les essais nucléaires, je veux la reconnaître solennellement aujourd'hui devant vous", a déclaré le président de la République, chaudement applaudi.

"Sans la Polynésie, la France ne serait pas dotée de l'arme nucléaire, a ainsi remercié le chef de l'Etat. La France serait toujours une nation respectée, mais n'aurait pas, par cette force de dissuasion, la capacité d'être pleinement indépendante."

François Hollande a également reconnu "l'impact environnemental" et les "conséquences sanitaires", provoqués par les essais nucléaires menées dans cette zone du monde entre 1966 et 1996.

Pour joindre les actes à la parole, le président a annoncé une série de mesure comme la révision du traitement des demandes d'indemnisation des victimes de ces essais, l'accompagnement du centre hospitalier en charge de ces diagnostics sanitaires et la pérennisation de l'enveloppe de la métropole accordée à la Polynésie depuis la fin des essais.

Un premier pas pour les associations de défense de victimes, mais pas encore suffisant. Elles attendaient des gestes plus forts.

Du plutonium sous des dalles sur l'île de Hao

"Nous avions demandé a ce que le plutonium qui se trouve sur l'île de Hao soit retiré parce qu'il y a une population qui vit sur l'atoll de Hao où il y a un collège qui regroupe beaucoup d'enfants", rappelle à BFMTV Auguste Uebe Carlson, président de l’association 193 qui défend les victimes des essais nucléaires. Mais le Président n'a eu aucun mot à ce sujet

Les habitants s'inquiètent de la présence de plutonium, enfoui sous des dalles de béton, sur l'île qui servait de base militaire pendant les essais. Des dalles fragiles, selon les associations qui craignent qu'elles s'envolent en cas d'ouragan.

Le chef de l'Etat a annoncé la levée partielle d'un verrou qui empêchait l'indemnisation de nombreuses victimes. La loi du 5 janvier 2010, dite loi Morin du nom de l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin, a apporté des "avancées" mais seule "une vingtaine" de dossiers d'indemnisation - sur un millier - ont abouti, a-t-il noté.

Ainsi, son décret d'application sera "modifié" pour "préciser la notion de risque négligeable" évoquée par la loi mais seulement "pour certaines catégories de victimes lorsqu'il est démontré que des mesures de surveillance indispensables n'avaient pas été mises en place", a-t-il spécifié.

Les associations demandaient quant à elle le retrait pur et simple de cette disposition.

"En matière de radioactivité, même un tout petit risque peut déclencher un cancer", rappelle Patrice Bouveret, directeur de l'Observatoire des armements.

J.C. et K. L. avec Audrey Alos