BFMTV
Élysée

Hollande pense avoir laissé le pays dans une situation favorable à Macron

L'ancien chef de l'État, désormais président de la fondation "La France s'engage", ne s'était plus exprimé publiquement depuis son départ de l'Elysée. François Hollande est intervenu vendredi après-midi en direct sur notre antenne depuis Arles.

Discret depuis l'élection présidentielle, François Hollande est sorti de son silence ce vendredi à Arles, à l’occasion de la troisième édition du sommet des Napoléons, pour parler de sa fondation "La France s’engage". Interrogé par des journalistes, l’ancien chef de l’État a soigné son bilan présidentiel: les "réformes que nous avons accomplies, les décisions très lourdes que j’ai prises pour le pays".

"Le temps de la récolte arrive. J’avais encore sous les yeux des statistiques sur la création d’emplois au cours du premier semestre, je laisse une situation qui, je crois peut être utile à mon successeur", a ajouté l’ancien locataire de l’Élysée.

François Hollande a toutefois assuré se tenir à l'écart de la vie politique, affirmant "qu'il y a d'autres formes que l'action politique pour susciter des projets, participer au débat public et faire en sorte que beaucoup d'initiatives puissent voir le jour grâce à cette fondation". 

Ne pas commenter l'action d'Emmanuel Macron

Surtout, François Hollande a martelé son intention de ne pas se fondre dans le rôle du commentateur, du moins "pour le moment". "Je voulais m’exprimer, non pas sur l’actualité. De ce point de vue-là, vous savez que j’ai une réserve, une retenue parce que je considère que mon successeur doit avoir la liberté de pouvoir trouver son style, sa méthode, faire ses choix", a déclaré l’ancien chef de l’État.

Le président de "La France s’engage" ne devrait pas pour autant se retirer totalement de la vie publique, lui qui entend, en tant "qu’ancien Président, continuer à apporter son expérience" sur les questions internationales, qu'il affirme suivre de près.

À ce titre, François Hollande déplore la situation ukrainienne et regrette la "dérive autoritaire en Turquie" ainsi que le retrait des États-Unis des accords de Paris sur le climat. Avant de préciser une nouvelle fois qu’il ne souhaite pas "commenter l’actualité, car c’est à la fois une conception qu’(il) a de la République mais aussi un comportement éthique".

Manque de "de pédagogie et d'explication"

Dans la soirée, l'ancien Président est revenu à mots feutrés vendredi soir à Arles sur son bilan, estimant que "dans certaines périodes l'impopularité est nécessairement au rendez-vous" et qu'il faut espérer que "l'histoire vous rende justice". Reconnaissant qu'il avait "sans doute" manqué "de la pédagogie, de l'explication" durant son quinquennat, François Hollande a estimé qu'un dirigeant se devait de considérer que "de toute façon, dans certaines périodes, l'impopularité est nécessairement au rendez-vous, et qu'on ne doit pas se plier à cette dictature d'être aimé".

"Ca c'est peut être la leçon que j'ai tirée. (...) Quand on devient président, on devient de moins en moins aimé -je ne parle que de la période que j'ai connue, nous verrons pour la suite", a-t-il plaisanté. "Il faut vivre avec ça, il faut accepter cette fatalité, parce que ce que l'on a à faire - je parle dans des périodes très difficiles (...) - est plus important que ce qu'on va avoir comme retour de la part de l'opinion publique. Donc la meilleure attitude c'est de penser qu'on agit pour l'histoire en espérant que l'histoire un jour vous rende justice", a poursuivi François Hollande, concluant les travaux du sommet des "Napoleons".

L'ancien président ressent-il de la frustration après avoir quitté l'Elysée ?, lui a-t-il été demandé. "Moi je crois que pour tout président, même celui qui a fait quatorze ans de mandat, (...) François Mitterrand, je suis sûr que quand il est parti il avait quand même de la frustration. L'idée que l'on aurait pu faire davantage, oui, l'idée que les résultats auraient pu apparaître plus tôt, sans doute. Finalement sur un septennat c'était possible", a-t-il répondu dans un demi-sourire.

Paul Louis avec AFP