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Hanouka à l'Élysée: le grand rabbin de France parle d'un "moment respectueux de la laïcité"

Le grand rabbin de France Haïm Korsia réagit ce vendredi 8 décembre sur BFMTV au lendemain de la célébration de la fête juive Hanouka à l'Élysée. Il parle d'un moment "merveilleux" et souligne que le président n'a pas lui-même allumé la bougie.

Le grand rabbin de France Haïm Korsia défend ce vendredi 8 décembre sur BFMTV la célébration de la fête juive de Hanouka la veille à l'Élysée avec le président Emmanuel Macron, assurant qu'il s'agissait d'un moment "très respectueux de la laïcité", alors qu'elle suscite de nombreuses réactions notamment à gauche. Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Yonathan Arfi a pointé de son côté une "erreur".

"C'est un geste formidable parce que c'est un moment merveilleux", estime le grand rabbin de France sur BFMTV.

Il rappelle ensuite: "ce n'est pas le président qui a allumé la bougie de Hanouka, c'est moi (le rabbin NDLR)", disant avoir agi "dans la liberté de pratique religieuse, l'Élysée n'étant pas un endroit sanctuarisé, comme l'école."

"(Emmanuel Macron) a allumé une bougie mémorielle que j'avais ramenée d'Auschwitz pour dire que la défense de la mémoire c'est aussi lutter contre l'antisémitisme", précise-t-il ensuite.

Un moment "bienveillant"

"Quand il y a une explosion de l'antisémitisme et que les juifs se sentent parfois obligés de s'anonymiser, d'enlever leur kippa, leur mézouza, leur collier, le président de la République nous dit à tous: 'ce que vous êtes a parfaitement sa place sur la table de la République'", se félicite-t-il.

"L'État, donc lui, reste neutre, mais je peux exercer ma liberté religieuse", salue-t-il, tout en évoquant encore un moment "bienveillant" à l'Élysée jeudi soir.

"Pardon, mais le pays des Lumières, s'il faut s'offusquer d'une petite lumière qui donne un petit d'espoir, il faut un peu se calmer", sourit-il.

Une cérémonie prévue de longue date à l'Élysée

Le grand rabbin explique que la remise du prix annuel de la Conférence européenne des rabbins (CER) au chef de l'État était "prévue depuis longtemps" à cette date, correspondant au premier jour des célébrations de Hanouka, et qu'il était prévu qu'elle se déroule à l'Élysée.

"On connaît l'emploi du temps contraint du président donc c'était le plus simple de le faire chez lui plutôt que de le faire venir dans un endroit", défend-il.

Concernant l'allumage du candélabre dans l'Élsyée, le grand rabbin assure qu'"il est légitime de l'allumer" dans cette enceinte, rappelant qu'il doit être allumé à une "heure précise".

"Si on veut faire de la laïcité, la négation absolue, l'oblitération des religions et du fait religieux, alors ça s'appelle l'athéisme et ce n'est pas la même chose", estime-t-il, tout en rappelant que "tous les cultes" étaient représentés jeudi soir à l'Élysée. "Il y avait quelque chose de beau sur cette espérance de partage", a-t-il encore estimé.

"Nous avons notre place à la table de la République"

Balayant les critiques, le grand rabbin assure que la polémique devrait rapidement s'éteindre.

"Cette image restera. Nous avons notre place à la table de la République", veut-il croire, à propos de la communauté juive en France.

"(Le président) a un véritable engagement à construire une relation apaisée dans le cadre de la laïcité. Personne ne veut déroger à la laïcité, c'est un pilier de la République", a-t-il assuré.

Alors que le président du Crif, présent jeudi à l'Élysée, a ensuite estimé avoir fait une "erreur" ce vendredi, Haïm Korsia estime qu'il faut "raison garder". "Il peut exprimer une autre vision que la mienne, c'est légitime, mais il était invité et il n'est pas parti au moment où ça s'est produit", souligne le grand rabbin.

Macron ne regrette pas "du tout"

Emmanuel Macron a affirmé ce vendredi ne pas regretter "du tout" la célébration à l'Élysée, assurant que la célébration s'est faite "dans un esprit qui est celui de la République et de la concorde".

Le président de la République a assuré qu'il ne s'était pas prêté à "un geste cultuel" et a plaidé, dans un contexte de montée de l'antisémitisme, pour "donner de la confiance" à "nos compatriotes de confession juive".

La Première ministre Élisabeth Borne parle de son côté d'un "signal" de "soutien" face à "la montée de l'antisémitisme", plus de deux mois après les attaques du Hamas en Israël.

Juliette Desmonceaux