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Grand débat national, 100 jours, CNR... Macron, un président habitué aux "rendez-vous avec la nation"

Le chef de l'État a annoncé, dans des confidences au journal Le Monde, un prochain "rendez-vous avec la nation" en janvier, pour envoyer "un message d'unité". Depuis la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron est un adepte de ces événements, avec des résultats pourtant mitigés.

"Le rôle que je me suis assigné, c'est de tenir l'unité du pays." Emmanuel Macron prépare un prochain "rendez-vous avec la nation" pour envoyer "un message d'unité", comme il l'a confié au Monde ce vendredi 8 décembre, lors d'une discrète visite au Panthéon pour y préparer l'entrée du résistant d'origine arménienne Missak Manouchian, fusillé par les Allemands sous l'Occupation.

"Le moment est venu d'un rendez-vous avec la nation", a expliqué le chef de l'État, sans donner davantage de détails sur une initiative qui pourrait avoir lieu en janvier. "Il faut redonner une espérance, un goût de l'avenir", a-t-il martelé, "rappeler la France à elle-même" et "à ce qu'elle est", "ce qui nous constitue".

Pour l'heure, rien n'a encore filtré sur la forme que prendrait ce nouveau "rendez-vous avec la nation". L'Élysée a indiqué à BFMTV travailler sur la question, sans en dire davantage. "Il est nécessaire pour le président de la République de se réaffirmer comme garant de l'unité de la nation. Encore faut-il en trouver les voies et les moyens", résume Christophe Barbier, éditorialiste politique pour BFMTV. Avec une certitude: "on attend du président quelque chose de très fort."

Le Grand débat national, après la crise des gilets jaunes

Ce n'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron, depuis sa première élection en 2017, souhaite réunir les Français autour d'événements qui se veulent fédérateurs, mais dont les résultats restent très mitigés.

En pleine crise des gilets jaunes, le président de la République lance le Grand débat national pour "prendre le pouls du pays". Des cahiers de doléances sont disposés dans des mairies, et les élus sont encouragés à discuter avec leurs administrés pour faire remonter les problèmes.

Emmanuel Macron, qui animera lui-même plusieurs de ces discussions, s'est engagé sur plusieurs points, dont le prélèvement direct des pensions alimentaires non versées, l'annulation de la hausse de la CSG pour les pensions de retraite de moins de 2.000 euros par mois. Certaines promesses ont été tenues, comme la suppression de l'ENA, tandis que d'autres ont disparu de son programme de réélection en 2022.

En avril 2019, Emmanuel Macron annonce une autre initiative pour mobiliser la population: la convention citoyenne pour le climat. 150 citoyens sont tirés au sort, pour "définir les mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale, à réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40% d'ici 2030 par rapport à 1990".

À l’issue de la convention, les participants font 149 propositions, dont trois immédiatement supprimées par le président: la volonté de limiter à 110 km/h la vitesse sur les autoroutes, la taxe à 4% sur les dividendes des entreprises supérieurs à 10 millions d'euros et la modification du préambule de la Constitution. Parmi les 146 autres, seules 18 - soit 12% - font finalement l’objet d’une reprise intégrale dans le projet de loi contre le réchauffement climatique en 2021.

Le Conseil national de la refondation, après les émeutes

Après la crise déclenchée par la réforme des retraites, en avril 2023, le chef de l'État annonce l'ouverture d'une période de "100 jours d'apaisement". Le président avait alors dressé trois priorités: le "travail", "la justice et l'ordre républicain et démocratique", ainsi que le "progrès pour mieux vivre". Finalement, la mort de Nahel, adolescent de 17 ans tué par un policier lors d'un contrôle routier, fait basculer la France dans plusieurs nuits d'émeutes, loin de la volonté d'apaisement affichée par l'exécutif.

Après les émeutes qui ont ébranlé le gouvernement, Emmanuel Macron lance un nouveau projet début septembre: le Conseil national de la refondation, par lequel il espère lancer "un dialogue sans filtre" avec pour objectif de réunir "les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et de citoyens tirés au sort". Alors que les oppositions dénoncent un coup médiatique, les macronistes ne cachent également pas leur scepticisme.

Quant aux deux éditions des Rencontres de Saint-Denis, au cours desquelles le chef de l'État échange de longues heures avec les chefs de partis, elles ont été largement étrillées par les participants, certains évoquant même "un échec".

Équivalent du Grand débat, prise de parole, référendum... Les contours du nouveau rendez-vous de janvier restent donc à préciser. Mais pour Laurianne Rossi, présidente de Renaissance Hauts-de-Seine, "le président de la République aura l'occasion de préciser début janvier la forme que prendra ce rendez-vous avec les Français. Ça peut être une prise de parole, un grand débat citoyen, comme on a pu en avoir par le passé". Invitée de BFMTV, elle assure qu'il s'agira de réaffirmer l'"unité autour de la première des communautés, celle de la République, de la nation française".

Fanny Rocher