BFMTV
Élysée

François Hollande chez Lucette: la com' de l'Elysée est-elle "ringarde"?

François Hollande chez Lucette Brochet jeudi 29 octobre

François Hollande chez Lucette Brochet jeudi 29 octobre - AFP

Deux jours après la visite présidentielle en Lorraine, son hôte Lucette Brochet a dévoilé l'organisation de la visite sur BFMTV. Une mise en scène d'un autre temps.

Que retiendra-t-on de la visite de François Hollande jeudi dernier en Meurthe-et-Moselle? Pas forcément les annonces sur le service militaire volontaire ou même les aides à l'achat de logement puisque celle qui a crevé l'écran présidentiel c'est Lucette. Lucette Brochet, 69 ans et infirmière à la retraite, prise malgré elle dans les filets de la communication élyséenne. Du café apporté par un employé de la mairie de Vandoeuvre aux fleurs déposées en bout de table par le même individu en passant par le ménage de son logement, tout a été savamment organisé pour sa rencontre à domicile avec le président.

En effet, de ce moment intime partagé avec une "française ordinaire", pour reprendre la terminologie utilisée sous Giscard d'Estaing, rien n'a été naturel. Même les sujets mis sur la table par François Hollande:

"Mardi, des gens sont venus, de l'Elysée, pour me poser des questions, pour savoir ce que je devais dire et ne pas dire. Je voulais dire qu'il s'occupait beaucoup d'immigrés et pas beaucoup des clochards qui crèvent dans la rue, mais ça, il ne fallait pas que je le dise".

"Une chance sur deux de se ramasser"

"Quand on organise un truc comme ça, on a une chance sur deux de se ramasser", assure l'éditorialiste de RMC Eric Brunet qui juge l'exercice "ringard".

Une analyse partagée par Laurent Joffrin de Libération.

"Il y a un côté Potemkine, ce ministre russe qui faisait construire des décors lors des visites de la tsarine pour qu'elle ait l'impression que tout allait bien". En 2015, "on est encore là-dedans", constate-t-il, jugeant lui-aussi l'exercice de communication dépassé.

Pourtant, dans le documentaire d'Yves Jeuland intitulé "Un temps de président", loin devant François Hollande, le personnage qui crevait l'écran était son monsieur com', Gaspard Gantzer. A 36 ans, présenté comme de plus en plus influent, il a participé à la mise en scène de la séquence chez Lucette et tweeté la séquence sur son compte personnel.

Pour Taubira, Hollande a "le souci de trop bien faire"

Comment dès lors qualifier la stratégie de François Hollande qui multiplie les prises de paroles, les déplacements ou les interventions sur les réseaux sociaux comme Twitter, Instagram ou bientôt Snapchat? Le président de la République "saute sur tout ce qui bouge", critique un député proche de Manuel Valls dans Le Figaro lundi.

"Cette frénésie de déplacements est surréaliste et rend illisible son action. En période de crise, plus vous vous agitez, plus vous faites peur", assène aussi un élu PS.

Des critiques que Christiane Taubira, invitée de BFMTV dimanche entend, tout en affirmant que "sans doute il y a eu un souci de bien faire et de trop bien faire". Mais selon elle, François Hollande "est dans une relation directe avec la personne". Et justement, "c'était génial, je suis tombée sous le charme de monsieur le Président", assure Lucette Brochet. 

Au PS aussi, certains ténors regrettent que la "surcommunication" présidentielle ne réhausse pas sa popularité quand d'autres rappellent que François Hollande adoptait déjà cette stratégie lorsqu'il était au plus bas dans les sondages de la primaire à gauche en 2011. "Hollande fait ce qu'il sait faire. Quand il était à 3 % dans les sondages, il a fait toutes les Fêtes de la rose, tous les comices agricoles… Tout le monde disait qu'il était dingo ! À la fin, il est président de la République !", explique l'un d'eux au Figaro. A l'approche des régionales et avant la présidentielle de 2017, François Hollande remet le couvert.

S.A. avec Julien Migaud Muller