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Élysée

Face aux contestations, front uni de Merkel et Macron sur l'Europe

Angela Merkel et Emmanuel Macron lors des commémorations du centenaire de l'armistice à Rethondes, le 10 novembre 2018

Angela Merkel et Emmanuel Macron lors des commémorations du centenaire de l'armistice à Rethondes, le 10 novembre 2018 - Alain JOCARD / AFP

Le président français est arrivé ce dimanche en Allemagne et prononcera dans l'après-midi un discours attendu devant le Bundestag.

Angela Merkel et Emmanuel Macron comptent afficher dimanche à Berlin un front uni à six mois des élections européennes, malgré leurs divergences sur le fond, alors que tous deux sont affaiblis par des contestations sur le plan intérieur.

Face à plusieurs dizaines de jeunes réunis dans la capitale allemande, à l'occasion d'une rencontre sur le thème de la paix, le président français a une nouvelle fois martelé son message sur le risque du retour des nationalismes en Europe, au moment où le continent commémore le centenaire de la fin de la Première guerre mondiale.

Le risque de l'oubli de l'histoire "c'est de répéter les erreurs du passé", a déclaré le chef d'Etat, qui s'était récemment inquiété de la similitude la période avec les années 1930 en Europe, tout en appelant à "aller au contact de la jeunesse pour éviter qu'elle ne dérive, qu'elle ne se sépare, qu'on ne cède aux forces centrifuges" et exhorté à "bâtir une Europe beaucoup plus ambitieuse".

Le projet d'une armée européenne

Emmanuel Macron, soutenu par la chancelière allemande, vient notamment de relancer l'idée controversée d'une armée européenne, qui suscite l'ire du chef de l'Etat américain Donald Trump et le scepticisme de l'Otan.

Une telle armée européenne "implique aussi la volonté politique de défendre avec détermination les intérêts européens lorsqu'un conflit éclate", a estimé la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen dans un entretien à paraître lundi dans le groupe de presse régional Funke.

"Il ne s'agit pas d'être contre les Etats-Unis mais de prendre notre destin en main pour ne plus compter éternellement sur les autres", lui a fait écho dimanche la ministre française chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, dans une interview au Journal du Dimanche.

Une complicité renouvelée

Le président français et la chancelière allemande avaient déjà multiplié il y a une semaine, lors des cérémonies en France du centenaire de la fin de la Première guerre mondiale, les marques de complicité et de cohésion. La venue à Berlin d'Emmanuel Macron parachève cette séquence, qui intervient dans un contexte politique intérieur pesant pour les deux dirigeants. 

La chancelière, critiquée pour sa politique migratoire, a été récemment contrainte d'amorcer le début de son retrait politique, tandis que son homologue français voit sa popularité en France chuter et fait face à un mouvement de contestation contre la hausse des prix du carburants.

Son discours au Bundestag sera une première pour un président français depuis Jacques Chirac en juin 2000. Il s'entretiendra ensuite avec Angela Merkel.

Des sujets de crispation

La France et l'Allemagne se sont déjà entendues vendredi sur les contours d'un budget pour la zone euro, projet phare d'Emmanuel Macron pour soutenir l'investissement. Mais pas sur son montant, qui reste non défini alors que le chef de l'Etat français espérait à l'origine des centaines de milliards d'euros. L'Allemagne n'en a accepté le principe que du bout des lèvres et en verrouillant strictement son utilisation.

Une illustration, parmi beaucoup d'autres, des nombreuses divergences et frustrations entre Paris et Berlin. La France s'estimant pas suffisamment soutenue dans ses projets de relance du projet européen en crise par une chancelière politiquement en fin de cycle.

Paris et Berlin sont notamment en désaccord sur la taxation des géants du numérique, autre projet-clé d'Emmanuel Macron que la France voudrait voir concrétisé au plan européen dès décembre. Angela Merkel craint un retour de bâton américain contre les entreprises allemandes et veut repousser le sujet à 2021.

Me.R. avec AFP