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Emmanuel Macron revient sur la crise des gilets jaunes: "On a redécouvert la violence"

Le président Emmanuel Macron, le 25 février 2021 à l'Elysée, à Paris

Le président Emmanuel Macron, le 25 février 2021 à l'Elysée, à Paris - Thomas COEX © 2019 AFP

À un an de la fin de son mandat, le président de la République accorde une interview au magazine Zadig, dans laquelle il livre notamment son analyse sur cette révolte qui a marqué son quinquennat.

Fallait-il voir poindre la révolte des gilets jaunes dans Révolution, le livre de campagne d'Emmanuel Macron, publié en 2016? Dans une interview au magazine Zadig, en vente à partir de ce mercredi, le président de la République revient sur cette crise qui aura marqué son quinquennat, et affirme en avoir vu des signes précurseurs.

"J’avais vécu, pensé, décrit cette difficulté du pays, notamment dans Révolution", assure le chef de l'État. "Même si je ne l’avais pas perçue à ce point, je n’ai pas été surpris de ce qui arrivait", poursuit-il, évoquant notamment "la crise des classes moyennes".

"Celles-ci forment le socle politique et social de nos démocraties depuis le XVIIIe siècle, et elles disent aujourd’hui: 'Vous nous avez abandonnées. Il n’y a plus d’histoire et de perspective de progrès pour nous.'", note Emmanuel Macron.

Ces Français "se sont sentis humiliés"

En prenant l'exemple de Bordeaux et de son arrière-pays, le président de la République évoque le cas des Français installés à la campagne, en périphérie des grandes villes, obligés d'utiliser leur voiture. "On vous dit soudainement: 'Cette vie, ces trajets, on va les taxer fort ; si vous voulez échapper à cela, il faudra réduire les déplacements…'", analyse Emmanuel Macron. "Les gens forcément deviennent fous!"

À ces Français, on a "donné l’impression que ce qu’ils faisaient n’était pas bien", estime le chef de l'État. "Ils se sont sentis humiliés. Alors même que nos oncitoyens sont conscients des changements nécessaires dans nos vies. Tout cela avec ce sentiment profond que le progrès n’était pas pour les classes moyennes dans notre pays."

"Un retour de la violence dans la société"

D'où la révolte, qui a fait que la France "a redécouvert la violence". "La violence politique et militante existait depuis plusieurs années dans notre démocratie, avec le retour des black blocs dans les manifestations européennes puis en 2016", décrit Emmanuel Macron.

"Avec les gilets jaunes, il s’agit d’un retour de la violence dans la société. On retrouve un des fondamentaux de notre vieux pays, fait de jacqueries. Cette idée que, lorsque la colère et la peur se nouent, tout devient possible."

Dans cette colère se sont agrégés "des combats qui n’avaient parfois rien à voir les uns avec les autres", estime le chef de l'État, prenant l'exemple de l'incendie de la préfecture du Puy-en-Velay (Haute-Loire), le 1er décembre 2018. "Il y avait des parents d’élèves, des retraités, des gens en grande difficulté sociale, mais aussi des anarchistes bien connus, de vieux militants cégétistes, des 'Front-nat’', liste Emmanuel Macron.

Il y aura "sans doute d'autres" embrasements

En réponse est venu le temps des grands débats. Emmanuel Macron se remémore l'un d'entre eux, à Bourg-de-Péage (Drôme), "avec des gilets jaunes, avec des maires, avec des citoyens".

"J’ai vu partout la même inquiétude, qui venait de loin, de la désindustrialisation, d’un sentiment d’injustice, d’une impression de trahison démocratique ; et en même temps, la même solidité de notre peuple", décrit le président de la République.

"Nous sommes un peuple très résistant", conclut Emmanuel Macron. "On s’embrase sur le coup de colères. Il y en aura sans doute d’autres. Mais nous sommes extraordinairement tenaces, attachés à nos équilibres."

M.D.