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Emmanuel Macron aux Etats-Unis: les enjeux de cette visite d'Etat

Le président français se rend aux Etats-Unis à partir de ce lundi pour une visite d'Etat marquée par les symboles mais qui ne cache pas les désaccords entre les deux pays, et notamment sur le nucléaire iranien.

"Ce n’est pas à moi de juger ou, d’une certaine façon, d’expliquer à votre peuple ce que devrait être votre président, ou de considérer qu’à cause des controverses et des enquêtes, il est moins crédible." A la veille de son déplacement officiel aux Etats-Unis, Emmanuel Macron a choisi, pour donner une interview, Fox News, la chaîne ultra-conservatrice qui tourne en boucle à la Maison Blanche. Il faut dire que le président français sera le premier dirigeant étranger à recevoir les honneurs d'une visite d'Etat de l'ère Trump.

Les deux hommes se connaissent bien et s'apprécient, et ce dès le début de leur épopée présidentielle respective. Le 7 mai 2017, à l'annonce de la victoire d'Emmanuel Macron, Donald Trump se déclarait "impatient de travailler avec" celui qui, comme lui, a déjoué tous les pronostics de la campagne. C'est le cas depuis un an, les deux hommes s'appellent directement et régulièrement, comme se fut le cas au soir des frappes contre la Syrie.

"Emmanuel Macron part avec des atouts extrêmement importants", estime Christian Makarian, directeur délégué de la rédaction de L'Express. "Il a fait quelque chose en matière de relations internationales, il a créé une relation individuelle entre les deux chefs d'Etat (...). Pourquoi ce lien personnel? Déjà, ces deux hommes sont issus de deux 'disruptures' (...). Deuxièmement, l’un comme l’autre se trouve dans une phase existentielle de l'histoire leur pays."

Visite avec les honneurs

Sur la forme, l'accueil d'Emmanuel et Brigitte Macron sera soigné. La diplomatie américaine va, en effet, sortir le grand jeu pour le couple présidentiel français: cérémonie dans le jardin de la Maison Blanche, soirée dans ses salons et surtout un dîner privé organisé à Mount Vernon, la demeure historique de George Washington, le premier président des Etats-Unis.

"On manie les symboles à l’infini", poursuit Christian Makarian. "L'an dernier, on a invité Donald Trump au défilé du 14-Juillet. Là pareil on retourne à la fondation même des Etats-Unis. C’est extrêmement fort. C'est une marque de respect et d'estime."

C'est donc sur le fond que les débats risquent d'être plus tendus. "Emmanuel Macron a beaucoup investi dans sa relation avec Donald Trump", analyse Thierry Arnaud, chef du service politique de BFMTV. "La question maintenant est de savoir si ça va servir à déboucler des dossiers qui sont difficiles sur l’Iran, sur les relations commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis et même sur la Syrie où, au-delà des frappes qui ont été conjointes, il n’y a pas véritablement de vision identique en France et aux Etats-Unis sur la suite des événements." Ou encore la question du climat.

Désaccord sur le nucléaire iranien

Le dossier le plus brûlant est celui du nucléaire iranien, alors que le président français s'exprimera mercredi, en anglais, devant le Congrès américain. Donald Trump menace de se retirer de l'accord de Vienne signé en 2015 visant à lever les sanctions internationales contre Téhéran qui s'est engagé en retour à restreindre son programme nucléaire. Le président américain, qui doit statuer dans trois semaines, le juge aujourd'hui trop laxiste. "Est-ce qu'on va garder cet outil juridique qui permet d'éviter que l'Iran puisse accéder à l'arme nucléaire, c'est très important", s'est inquiété Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères. "Si d'aventure Donald Trump dit: 'je me retire de l'accord' on ne peut pas exclure que l'Iran dise la même chose."

Autre date butoir sensible, source de très vives tensions transatlantiques: l'exemption de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium pour les pays de l'UE expire le 1er mai. Quant à l'accord de Paris de 2015 contre le réchauffement climatique, qu'Emmanuel Macron espérait encore cet automne convaincre Donald Trump de réintégrer, il semble relégué au second plan. "Comme Trump reste très impopulaire en France, le paradoxe c’est que Emmanuel Macron devrait rentrer de son voyage avec un résultat", conclut le directeur directeur délégué de la rédaction de L'Express.

Justine Chevalier