EDITO - La polémique sur la petite phrase de Macron, c'est "un procès en mépris de classe"
Lors de l'inauguration du plus grand incubateur de start-up au monde, Station F, installé dans la Halle Freyssinet à Paris, le chef de l'État a invité jeudi les entrepreneurs présents à "transformer notre pays", notant que "réussir ce n'est pas seulement gagner de l'argent, c'est aussi faire réussir ceux qu'on aime, réduire les inégalités, aider à transformer la société". Précisant que ce lieu était une ancienne gare, il a aussi fait remarquer que "une gare, c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien, parce que c'est un lieu où on passe, un lieu que l'on partage". Une petite phrase qui n'a pas laissé indifférent.
Plusieurs responsables politiques ont critiqué la formule d'Emmanuel Macron. "Nous ne sommes rien? Soyons tout!", a tweeté le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste Olivier Besancenot. Le socialiste Gérard Filoche a évoqué du "mépris de classe". Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de Paris et ancienne ministre, a critiqué des "indignes propos". "Mais quel mépris!" s'est aussi exclamé l'ancien ministre LR Thierry Mariani.
> Laurent Neumann: "La phrase est très maladroite"
"La phrase, sortie de son contexte, est très maladroite. Quand vous relisez le discours dans son ensemble, c'est encore plus complexe, c'est la 'pensée complexe d'Emmanuel Macron' -l'Élysée a fait valoir que la 'pensée complexe' du président se prêtait mal au jeu des questions réponses avec des journalistes pour justifier son refus de donner la traditionnelle interview du 14-Juillet, NDLR. Ce procès en mépris de classe n'est pas nouveau. Il avait déjà eu lieu à propos de cette fameuse phrase sur le costard répétée à un gréviste: 'la meilleure façon de se payer un costard c'est de travailler'. Il y avait aussi eu la polémique sur les illettrés de Gad -qui avait poussé Emmanuel Macron à s'excuser- et il y a peu de temps sur les kwassa-kwassa -au sujet des petites embarcations utilisées par les migrants comoriens souhaitant rejoindre Mayotte, l'Élysée avait reconnu un 'trait d'humour malheureux'. Ce procès en mépris de classe devient récurrent et il faut le rapprocher du procès politique en absolutisme. On a un chef de l'État qui se prend pour Jupiter et que ses adversaires essaient de faire redescendre pour le mettre à même niveau qu'eux dans la polémique politicienne. Pour le moment, ça ne prend pas. Ce qui est intéressant, c'est que cela intervient à quelques heures du congrès de Versailles qui a lieu ce lundi. Mais quand on ne réussit pas, on n'est pas rien, on est aussi quelque chose. Peut-être que c'est le regard que les gens portent sur ceux qui ne sont rien qui pose problème, c'est ce regard-là qu'il faut changer."
> Christophe Barbier: "Le président a raison de dire la vérité"