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EDITO - "L'affaire Villiers a montré les limites de la communication verticale de Macron"

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Le baromètre des éditorialistes - Pour les éditorialistes de BFMTV, Emmanuel Macron se doit de reconquérir à la fois l'armée et l'opinion publique, après la séquence du clash avec le général Pierre de Villiers.

Après l'épisode de tensions avec le chef d'Etat-major des armées, qui a mené à la démission de celui-ci, mercredi, le président de la République part ce jeudi matin en opération reconquête auprès des militaires, sur la base aérienne d'Istres. Mais pour les éditorialistes politiques de BFMTV, Emmanuel Macron doit voir au-delà, et s'attacher également à reconquérir l'opinion publique, attachée à l'armée, tout en transformant sa communication, pour la rendre plus proche des réalités du terrain. 

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> Laurent Neumann: "C’est comme en amour, il faut des preuves d’amour"

"Avec l'armée, c'est comme en amour, il faut des preuves d'amour. Emmanuel Macron a posé un acte très important pour les militaires, mercredi, en désignant un successeur absolument irréprochable, incontestable. Maintenant, il faut renouer les fils du dialogue, reconstituer la confiance, envoyer des signaux, et ça commence dès ce jeudi matin, il va sur cette base militaire et va parler à l'armée. Il va notamment montrer que ces 850 millions d'euros de coupe budgétaire n'auront aucun impact sur les militaires eux-mêmes, en particulier sur les 30.000 soldats présents sur le théâtre des opérations extérieures. Il va faire la démonstration que ces coupes budgétaires pèsent avant tout sur l'industrie budgétaire qui se porte très bien, donc que ça ne va pas peser sur la vie des soldats. Mais ça ne suffit pas. Car le problème du président de la République n'est pas tant avec les militaires qu'avec l'opinion, qu'il faut reconquérir. Mercredi, il a posé un acte d'autorité, de chef, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais il faut qu'il démontre sa capacité à écouter les critiques. Attention, les Français sont très attachés à leur armée, et ils considèrent que dans le contexte sécuritaire actuel, il faut lui donner les moyens". 

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> Christophe Barbier: "Macron pratique la politique du dernier verre"

"Tour de France, exposition à Arles, base aérienne d'Istres, les déplacements en province d'Emmanuel Macron sont très utiles, notamment pour 'redescendre' après ses rencontres avec Trump, Poutine, Merkel. Ne serait-ce que montrer que malgré le clash avec le général de Villiers, on va quand même visiter des musées à Arles à 22 heures comme mercredi, rencontrer des artistes, voir Romain Bardet sur le Tour. On continue une vie de président zen. La tour d'ivoire élyséenne c'est une réalité, et elle peut vous suivre en province. Il faut éviter cela, donc il faut non seulement aller sur le terrain pour rencontrer les gens, y compris les mécontents, Emmanuel Macron le fait. Mais surtout, il faut dormir sur place. Or depuis le général de Gaulle, les présidents avaient du mal à dormir sur place, François Mitterrand le faisait un peu, Nicolas Sarkozy, lui, rentrait à Paris tous les soirs. Macron pratique la politique du dernier verre, le dernier verre avec le préfet à 23h30, avant de se coucher, à la préfecture, c'est-à-dire là où l'Etat est présent. Le préfet peut alors raconter la réalité du terrain. Encore faut-il le faire tout au long du quinquennat parce qu'on en perd vite le goût. L'affaire de Villiers semble avoir montré les limites de la communication verticale, très utile pour installer la figure présidentielle, régalienne, Emmanuel Macron en a usé depuis deux mois. Sauf que les Français n'ont pas seulement envie d'un président vertical, ils veulent encore plus: un président transversal, qui fait le boulot des ministres, du Premier ministre, qui est le chef de la majorité. Sur la communication transversale, parler à la presse, parler aux gens, Macron est un peu en retard. Il a commencé à le comprendre, son interview à Ouest-France et son déplacement sur le Tour de France montrent que le président n'est plus seulement jupitérien, il se veut aussi le dieu de notre vie quotidienne". 

A.S.