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Élysée

Défenseur des droits: la nomination de Jacques Toubon passe mal à gauche

Jacques Toubon, en septembre 2013.

Jacques Toubon, en septembre 2013. - -

François Hollande a proposé de nommer cet ancien ministre de Jacques Chirac. Un choix qui fait grincer des dents au PS.

L'éventuelle nomination d'ouverture de Jacques Toubon au poste de Défenseur des droits, souhaitée par François Hollande, passe mal dans certains rangs à gauche où l'on reproche à cet ancien hussard de Chirac son vote en 1981 contre le projet de loi abolissant la peine de mort (même s'il avait voté l'article de loi abolissant la peine capitale), et son vote contre la dépénalisation de l'homosexualité.

Selon l'Elysée, le chef de l'Etat "envisage de nommer" Jacques Toubon à la succession de Dominique Baudis, autre personnalité issue des rangs de la droite, décédé en avril. Ancien ministre de la Culture du gouvernement Balladur (1993-1995), puis garde des Sceaux du gouvernement Juppé (1995-1997), l'ex-maire du 13e arrondissement de Paris avait été une figure du RPR des années 1980 et 1990.

Cette nomination doit encore franchir l'obstacle du vote des commissions parlementaires compétentes, où une majorité négative des trois cinquièmes peut bloquer la nomination.

Yann Galut "persuadé de faire un cauchemar"

En attendant, les premières salves sont venues des rangs des parlementaires socialistes. "Nommer à ce poste un homme qui s'est prononcé contre l'abolition de la peine de mort, contre la dépénalisation de l'homosexualité, est un signal négatif sur la capacité de cette institution à rendre des décisions propres à favoriser la non-discrimination et la défense des citoyens quelles que soient leurs origines, leurs sexualités, leurs opinions", selon les députés PS Yann Galut et Alexis Bachelay.

"Jacques Toubon est proposé comme défenseur des droits? J'invite mes collègues de la commission des lois à rejeter cette proposition!", insiste Alexis Bachelay sur Twitter.

Faire une insomnie...passer sur #Twitter...apprendre que #Toubon serait nommé défenseur des Droits...être persuadé de faire un cauchemar...
— Yann Galut (@yanngalut) 12 Juin 2014

"Faire une insomnie... passer sur Twitter... apprendre que Toubon serait nommé défenseur des Droits... être persuadé de faire un cauchemar...", tweete de son côté Yann Galut, cofondateur de la Gauche Forte.

Jacques #Toubon est proposé comme défenseur des droits ? J'invite mes collègues de la commission des lois à rejeter cette proposition !
— Alexis Bachelay (@ABachelay) 12 Juin 2014

Choix "inopportun, incompréhensible, inacceptable"

Même argument chez les Jeunes socialistes, "extrêmement surpris et inquiets" de cette "potentielle nomination" d'un homme ayant "voté contre l'abolition de la peine de mort et la dépénalisation de l'homosexualité."

"A l'heure où l'homophobie explose, où la parole raciste est complètement décomplexée en France et où la République a besoin d'être réaffirmée, les jeunes socialistes souhaitent que cette proposition de nomination soit revue. Si tel n'était pas le cas, ils appelleraient les parlementaires de gauche membres de la Commission des lois à se prononcer contre celle-ci", explique le Mouvement dans un communiqué.

Quant au député PS Razzy Hammadi, il a jugé ce choix "inopportun, incompréhensible, inacceptable".

Sénatrice centriste, Nathalie Goulet n'a pas été plus tendre en parlant de "mauvaise pioche, très mauvaise pioche" au sujet du "recyclage" d'un "retraité multicartes".

Pour l'abolition de la peine de mort, contre la dépénalisation de l'homosexualité

En réalité, Jacques Toubon, n'a pu être joint jeudi par l'AFP, a bel et bien approuvé en 1981 l'article de loi abolissant la peine capitale. "Par conviction intime, je suis favorable à l'abolition de la peine de mort", avait-il alors déclaré. Il avait en revanche voté contre l'ensemble du projet de loi, lui reprochant de ne pas "réviser l'échelle des peines à travers une réforme du code pénal".

Le chiraquien avait en revanche voté, l'année suivante, contre l'abrogation des peines correctionnelles encourues pour les actes "impudiques ou contre nature" commis avec un mineur de même sexe.

V.R. avec AFP