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Cahuzac, motion de censure, taxe à 75%... La rude semaine de François Hollande

Le président François Hollande

Le président François Hollande - -

La démission de Jérôme Cahuzac mardi s'inscrit dans une semaine jalonnée de mauvaises nouvelles pour le président et son gouvernement. Retour sur une semaine noire en cinq actes.

La politique n'est pas qu'une question de décisions, de communication ou d'opportunités, elle est aussi une question de tempo. Et sur ce dernier point, la semaine que connaît François Hollande actuellement a été particulièrement rude pour un président qui a subi plus qu'il n'a contrôlé l'agenda politique. Retour sur une semaine noire en cinq actes.

Acte 1: une cote toujours au plus bas

Deux sondages publiés lundi sont venus confirmer la nouvelle chute de popularité de François Hollande en mars. Le dernier baromètre BVA pour Orange-L'Express-France Inter place le chef de l'Etat à un niveau d'impopularité jamais atteint à ce stade du mandat présidentiel, avec 35% d'opinions favorables (- 8 points).

Des scores très proches du baromètre Clai-Metro-LCI réalisé par OpinionWay, qui indique que 67% des Français sont mécontents de l'action de François Hollande (+10 points par rapport à février) contre seulement 31 % de satisfaits (- 8 points). Un décrochage qui le rapproche dangereusement du record d'impopularité détenu par Nicolas Sarkozy (30% d'opinions favorables en fin de quinquennat).

Acte 2: la démission d'un pilier du gouvernement

Entre le moment où le parquet de Paris a annoncé son enquête pour "blanchiment de fraude fiscale" et l'officialisation de la démission du ministre du Budget Jérôme Cahuzac, il s'est écoulé trois heures. Une gestion-éclair au nom de la République exemplaire qui n'a pas empêché les commentateurs de souligner que ce départ d'un pilier du gouvernement intervenait au "pire moment".

Car avec des indicateurs économiques défavorables et une rigueur stricte à observer, notamment en ce qui concerne les budgets des ministères, le départ de l'homme qui tenait les finances du pays tombe mal. Et cette démission a parasité jusqu'au grand oral de Jean-Marc Ayrault, sommé de justifier devant l'Assemblée la politique économique du gouvernement, directement mise en cause dans une motion de censure présentée mercredi par l'UMP.

Acte 3: une motion de censure à affronter

Plus symbolique que dangereuse, la motion de censure UMP présentée mercredi à l'Assemblée nationale avait une double vocation: s'offrir une tribune en forme de réquisitoire contre le gouvernement en difficulté et reprendre la main sur l'agenda de l'Assemblée.

Et si les maux décrits par Jean-François Copé, à l'initiative du texte, portaient sur les choix économiques du gouvernement, le coupable, lui, était tout désigné: François Hollande. "Quatre engagements pour 2013. Quatre renoncements. Quatre échecs", a-t-il accusé, en reprenant les engagements électoraux de François Hollande sur le chômage, la croissance, le déficit public et la relance européenne.

"Après être entré dans l'Histoire comme le président des impôts, François Hollande restera comme celui du chômage", a prophétisé le président de l'UMP au cours son intervention. Autant d'attaques auxquelles le président -interdit de Parlement depuis 1875 mais pouvant y communiquer des déclarations écrites- a préféré ne pas répondre.

Acte 4: un otage français d'Aqmi "exécuté"

Mardi, plusieurs proches des otages sont montés au créneau contre la fermeté affichée par François Hollande en matière de négociation avec les preneurs d'otages, et notamment sa volonté de ne pas payer de rançon contre une libération. "Silence" de la part de l'exécutif et mal vécu par des proches qui s'estiment dans un "brouillard total"... La confiance envers le chef de l'Etat sur le dossier malien fond comme neige au soleil. "Ma famille et moi considérons qu'il se fourvoie dans sa gestion des otages, je suis dégoûtée", assène même Françoise Larribe dans Le Monde au souvenir d'un entretien avec le chef de l'Etat, en janvier dernier.

Et c'est sur fond de cette défiance qu'Aqmi a annoncé l'exécution d'un otage français, mardi soir. Une information toujours pas confirmée par le ministère des Affaires étrangères mais dont le silence semble creuser un peu plus le fossé qui sépare l'exécutif des familles des otages.

Acte 5: la taxe à 75% retoquée?

Le Conseil d'Etat s'apprête-t-il à donner l'estocade finale d'une semaine déjà bien éprouvante? Le conseil doit rendre jeudi un nouvel avis très attendu sur la taxe à 75% sur les très hauts revenus. Cette promesse phare du chef de l'Etat -devenue entre temps son "boulet" selon certains- avait déjà été censurée fin 2012 par le Conseil constitutionnel. Un second revers signerait sa fin dans sa forme actuelle. Et un désaveu personnel pour François Hollande, qui la porte depuis plus d'un an.

Sandrine Cochard