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Cahuzac: Hollande avait "le droit mais aussi le devoir" d’enquêter

François Hollande

François Hollande - -

François Hollande et Jean-Marc Ayrault savaient-ils que Jérôme Cahuzac avait bien détenu des comptes à l'étranger? L'un et l'autre avaient en tout cas la possibilité légale de diligenter une enquête.

François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont fait part de leur indignation et fait preuve d'une fermeté extrême pour condamner les aveux de Jérôme Cahuzac. Pourtant, nombre de politiques en sont persuadés, le président de la République et le Premier ministre ne pouvaient pas ignorer - au moins depuis quelques mois - les comptes frauduleux de l'ancien ministre et la véracité des informations de Mediapart.

Ainsi, Claude Guéant affirme que "des enquêtes plus approfondies" avaient été menées, à son époque, pour "éviter le moindre risque" sur les membres des gouvernements Sarkozy.

Pas d'enquête obligatoire pour les futurs ministres

Pourtant, "il n’existe pas d’obligation de mener une enquête sur les personnes pouvant devenir ministres", explique à BFMTV.com Maître Didier Seban, spécialiste du droit public et constitutionnel. "François Hollande pouvait ignorer ces faits" en formant son gouvernement en mai 2012.

"Si François Hollande et Jean-Marc Ayrault avaient été au courant avant sa nomination, ils ne l’auraient pas pris", renchérit Patrick Rougelet, ancien commissaire de police et auteur de R.G., la machine à scandales, ouvrage où il dénonçait notamment les méthodes d'espionnage des services secrets français. 

"Pour diligenter une enquête de moralité poussée sur Jérôme Cahuzac, prévient Patrick Rougelet, encore fallait-il avoir des soupçons!"

"François Hollande a le pouvoir de solliciter la DCRI"

Mais à partir des infos de Mediapart le 4 décembre 2012, le lancement d’une enquête devenait "possible", précise Patrick Rougelet.

"François Hollande avait, dès cette date, le pouvoir de solliciter la DCRI pour diligenter une enquête, dit-il. Je pense même que dans cette situation il avait, en plus du pouvoir, le devoir de le faire."

D’autant plus que d’autres éléments auraient été portés à sa connaissance. "Le président a été mis au courant par moi-même dès le 15 décembre 2012", a déclaré Michel Gonnelle, le détenteur de la bande enregistrée incriminant Jérôme Cahuzac. "Mais on n'a pas voulu croire ce que disait Mediapart et ce que je disais".

"Les enquêtes existent"

Une chose est "certaine" pour Patrick Rougelet, les enquêtes sur "les personnalités comme Jérôme Cahuzac existent et ont existé". Et ce, bien que les notes blanches anonymes de feu les RG aient été interdites en 2002 par Nicolas Sarkozy alors ministre de l'Intérieur. "Ca n'empêche ni les recherches, ni les rencontres et ni la transmission d'informations", insiste l'ex-flic.

En homme politique rompu aux intrigues d'appareil, François Hollande connaissait le fonctionnement et "n’a pas pu se contenter d’une promesse faite 'droit dans les yeux' par son ex-ministre", estime Patrick Rougelet.

"Jérôme Cahuzac est face à sa conscience", a déclaré Jean-Marc Ayrault aux députés mercredi. Et François Hollande et son Premier ministre?

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Samuel Auffray