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Benalla s'exprime pour la première fois et dit avoir "commis une faute"

Dans un entretien au journal Le Monde, l'ancien chargé de mission de l'Elysée dénonce une "volonté d'atteindre Emmanuel Macron" dans l'affaire qui porte son nom.

Pour la première fois depuis l'éclatement de l'affaire qui porte son nom, Alexandre Benalla prend la parole. Dans un entretien fleuve au journal Le Monde publié ce jeudi en début de matinée, l'ancien chargé de mission de l'Elysée dit avoir "commis une faute". Il est accusé de violences à l'égard de deux manifestants, comme l'ont montré plusieurs vidéos dont la première a été publiée par le quotidien du soir.

Mais le "Monsieur sécurité" du président de la République dénonce aussi une "volonté d'atteindre" Emmanuel Macron, "c'est sûr et certain", disant qu'on avait essayé de "l'atteindre", de "le tuer" par la même occasion.

"Je dis pas que j'ai servi de fusible, je dis juste que ça a servi plusieurs intérêts, un intérêt pour atteindre le président de la République, à un moment pas mal pour lui, une bonne séquence", déclare-t-il.

Par la voix de son avocat, il s'était dit il y a quelques jours "abasourdi" par l'ampleur prise par cette affaire.

"Une grosse bêtise"

Après plusieurs jours d'un silence retentissant, Emmanuel Macron s'était dit "seul responsable" de cette affaire et avait expliqué s'être senti "déçu et trahi". Mercredi soir, il s'est cependant dit "fier de l'avoir embauché". 

"Moi, je n’ai pas le sentiment d’avoir trahi le président de la République, j’ai le sentiment d’avoir fait une grosse bêtise. Et d’avoir commis une faute", répond Alexandre Benalla au Monde. "Mais cette faute, elle est plus d’un point de vue politique: je n’aurais jamais dû aller sur cette manifestation en tant qu’observateur, puis j’aurais, peut-être, dû rester en retrait."

"Les faits, je les assume"

L'ancien chargé de mission de l'Elysée, actuellement mis en examen, dit "assumer" les faits qui lui sont reprochés.

"Les faits, je les assume, je ne suis pas dans la théorie du complot, c’est la réalité", lâche-t-il. "Les gens qui ont sorti cette information sont d’un niveau important", croit-il savoir, citant "des politiques et des policiers". "Et je ne pense pas à Collomb en qui j’ai confiance, je ne suis personne pour lui. Mais il y a des gens qui travaillent autour de lui qui auraient pu…", laisse-t-il entendre.

Une "faute politique, d'image" selon lui

A propos du 1er mai, il dit avoir été "invité" par Laurent Simonin, chef d’état-major à la Préfecture de police, et n'avoir pas fait la demande de venir comme observateur. Il décrit sur la Place de la Contrescarpe, où il a été filmé en train de frapper des manifestants, une "guérilla urbaine". "Ils se déchaînent, ils envoient les verres sur les CRS, on est en retrait, on est isolés, c’est de la guérilla urbaine, des gens masqués, avec des bras d’honneur, les CRS ne savent pas qui on est, personne n’est au courant", décrit Alexandre Benalla.

Il décrit le couple de manifestants comme des "délinquants" faisant des "doigts d'honneur" et jetant des projectiles sur les CRS. "Jeter des projectiles sur un CRS, c’est violences volontaires, c’est un délit puni d’emprisonnement, c’est très clair dans ma tête. Et la faute que je commets à ce moment-là, c’est d’y aller. Et de laisser de côté mes fonctions à l’Elysée", poursuit-il.

"C'est des débiles, les mecs en face"

"Si je n’étais pas collaborateur de l’Elysée, je referais la même chose. Collaborateur de la présidence, je ne le referais pas", ajoute-t-il, parlant d'une simple "faute politique, d'image".

Alexandre Benalla nie le fait d'avoir porté des coups aux deux manifestants. "Le mec a une force qui est décuplée, il est dans l’adrénaline, il est excité, il a été gazé, il ne veut pas se laisser faire (...) C’est des débiles, les mecs en face, lui y compris", estime-t-il, et de décrire un "dispositif "sous-dimensionné" ce jour-là pour encadrer son rôle d'observateur. 

Charlie Vandekerkhove