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Élysée

Au pied d'un glacier islandais, Hollande craint "la disparition de l'Histoire"

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- - Thibault Camus - Pool - AFP

François Hollande est en Islande ce vendredi. Accompagné de Ségolène Royal et de Nicolas Hulot, le président français a pu constater les effets concrets du réchauffement climatique en se rendant sur un glacier fondant goutte à goutte.

Le président français François Hollande a dit craindre vendredi en Islande "la disparition de l'Histoire" en constatant au pied d'un glacier sa fonte inexorable sous l'effet du réchauffement climatique, que la Conférence de l'Onu sur le climat à Paris, dite COP 21, va chercher à limiter.

"Pour ceux qui doutent du réchauffement, il faut qu'ils viennent ici. S'il y a une démonstration à faire, elle est faite", a lancé le président devant ce qui reste du glacier Sólheimajökull, fondant goutte à goutte, à l'oeil nu, sur une terre noire parsemée de jeune mousse.

A plus de deux heures de route de Reykjavik, Solheimajökull est l'un des sites où le retrait des glaciers dans ce pays arctique est à la fois le plus visible, et le mieux documenté, des mesures ayant été effectuées sur le site depuis 1930. Entre 1931 et 2011, cette langue glaciaire de 15 km a reculé de 1,2 kilomètre.

Le réchauffement climatique "se traduit aujourd'hui par un recul du glacier, demain par des inondations très importantes", a mis en garde le président français en présence de son homologue islandais qui l'a invité à quelques semaines de la conférence de l'Onu sur le climat pour obtenir un accord universel visant à limiter le réchauffement dû aux émissions de gaz à effet de serre.

"Ça va encore plus vite que ce qu'on avait imaginé"

Prenant dans ses mains un pain de glace qui s'est détaché de la calotte, François Hollande a déploré qu'il existe aujourd'hui "un tourisme du réchauffement climatique: il ne faut pas que nous soyons les touristes de notre disparition".

En présence de la ministre française de l'Ecologie Ségolène Royal, et de son envoyé spécial pour la planète Nicolas Hulot, le président français s'avance alors seul, en manteau sombre et chaussures de ville, vers le pied du glacier qui ressemble aujourd'hui davantage à une crevasse. Devant les caméras et photographes, l'instant se veut solennel.

"La disparition du glacier, c'est aussi la disparition de l'Histoire", lâche-t-il. "Je suis très pessimiste sur les effets du réchauffement. Ce glacier recule de 50 m par an. Ça va très vite, encore plus vite que ce qu'on avait imaginé".

Dans cette zone arctique, le réchauffement climatique est en effet deux fois plus rapide qu'ailleurs. Pour Nicolas Hulot, "une image résume des milliers de pages d'un rapport sur le climat".

Lors d'une conférence de presse à Reykjavik, le président islandais a souligné qu'il était "peu fréquent que l'on soit témoin d'un bouleversement historique qui engage l'avenir de l'Arctique et celui de la planète". "Les glaciers n'appartiennent à aucun parti politique, ils sont en train de fondre!", a lancé Olafur Ragnar Grimsson.

"Je ne veux pas qu'on dise: 'Il y avait un glacier'"

Les glaciers, au coeur de l'identité de l'Islande, recouvrent environ 11% de la superficie du pays et sont inscrits dans le paysage car beaucoup s'étendent jusqu'aux côtes. Selon les experts, la fonte des glaciers islandais va multiplier les risques de crues, avec des risques de coupures de routes ou de lignes électriques, et affecter l'approvisionnement électrique du pays, qui repose à 70% sur l'hydroélectricité. La diminution du poids de glace entraîne aussi une élévation de l'île qui a déjà un impact sur l'accessibilité de certains ports, comme celui de Höfn.

Les perspectives actuelles du dérèglement climatique et de la fonte des glaciers islandais conduisent les chercheurs à évaluer leur disparitions pour certains d'entre eux d'ici 100 à 200 ans. Les 269 grands glaciers islandais ont perdu 11 milliards de tonnes par an durant les dernières années. Et la fonte glaciaire va en s'accélérant avec une contraction de la masse glaciaire de 6% depuis 1995 et de 30% d'ici 2050, selon de récentes prévisions. Dans le scénario d'un réchauffement de 2 degrés en 2100, les glaciers islandais devraient quasiment tous avoir disparu avant la fin du siècle.

"Je ne veux pas qu'on dise un jour à nos enfants : 'Ici, il y avait un glacier'", a résumé François Hollande en plaidant pour un accord "ambitieux" lors de la Conférence de Paris.

la rédaction avec AFP