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Après la démission d'Emmanuel Macron, le blues de François Hollande?

François Hollande lors de la rentrée des classes à Orléans le 1er septembre 2016

François Hollande lors de la rentrée des classes à Orléans le 1er septembre 2016 - Gonzalo Fuentes - AFP

"Il m'a trahi avec méthode", aurait déclaré François Hollande après la démission d'Emmanuel Macron, son ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée propulsé ministre de l'Économie. Phrase aussitôt démentie. Car pour le président, ce départ doit passer pour un non-événement.

Coup dur pour François Hollande après la démission de celui qu'il avait nommé secrétaire général adjoint de l'Élysée avant de le promouvoir à la tête de Bercy.

Au dîner de la majorité mardi, quelques heures après le départ du gouvernement d'Emmanuel Macron, le chef de l'État -qui doit déclarer en décembre prochain s'il se lance ou non dans la course présidentielle- aurait lâché un commentaire amer, rapporte Le Monde. "Il m'a trahi avec méthode", aurait déclaré le président à ses proches. Une phrase rapidement démentie par l'Élysée.

François Hollande est "déçu, sûrement"

Interrogé sur cette déclaration à l'issue du conseil des ministres le lendemain, Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, a tenté d'éviter la polémique.

"Je ne l'ai pas entendue. Il m'arrive d'être distrait, c'est possible. Je participe à ces dîners depuis que je suis nommé porte-parole. Si je ne l'ai pas entendu, vous pouvez en tirer une conclusion."

Sur Europe 1, le ministre de l'Agriculture a par ailleurs donné le ton de l'humeur présidentielle. François Hollande est "déçu, sûrement" par cette démission, "mais touché sûrement pas".

Le président "a réagi avec humour"

Si François Hollande n'a pas réagi frontalement, il a tout de même concédé quelques allusions. Le locataire de l'Élysée a appelé, en ouvrant le conseil des ministres, les membres du gouvernement à être "engagés" dans une "action collective". Devant plusieurs centaines de responsables associatifs lors d'une remise de prix quelques heures plus tard, il a également ironisé sur les ambitions de son ex-ministre, soulignant sans le nommer, que l'"on ne peut rien faire tout seul et pour soi-même et donc il faut toujours faire avec les autres".

Cette absence de réaction n'est pas anodine. "Publiquement, François Hollande a réagi avec le style qu'on lui connaît", analyse pour BFMTV.com le politologue Olivier Rouquan, c'est-à-dire avec humour. "Le chef de l'État souhaite apparaître égal à lui-même, encaissant le coup, poursuivant ses activités de représentation comme si de rien n'était."

"Un gentil garçon, un garçon simple"

Un départ qui semble pourtant difficile à avaler pour François Hollande, lui qui présentait son ministre de l'Économie, comme le rappelle Le Lab citant "Conversations privées avec le président" d'Antonin André et Karim Rissouli, comme "un gentil garçon, un garçon simple" qui lui était "totalement fidèle".

La température s'est ainsi refroidie à l'Élysée, comme le confirme un "membre du canal historique hollandais" pour le grand quotidien du soir, qui précise que "le départ de Macron est une amputation".

"C'est un ministre extrêmement populaire, jeune et qui a de l'audience dans certains milieux. C'est une mauvaise nouvelle pour la majorité, pour le gouvernement, pour le président."

"Il tient bon malgré les coups"

Selon un élu socialiste, cette démission est une catastrophe, rapporte Le Parisien. "Pour Hollande, c'est désastreux. Il passe pour un c..." Un autre fidèle du président déclare: "Macron a signé son arrêt de mort!" 

Mais pour Olivier Rouquan, enseignant-chercheur en science politique, François Hollande a tout intérêt à faire de cette démission un non-événement.

"Le président a la conduite de l'État à tenir et doit indiquer que le gouvernement garde le cap sans Emmanuel Macron, ministre qui était le plus populaire. François Hollande est crédité, dans les sondages, de peu de qualités, à l'exception de son sang-froid et de sa capacité à tenir dans toutes les tempêtes. Par cette faible ou non réaction, le président souhaite faire passer le message qu'il tient bon malgré les coups, ce qui correspond à l'idée que se font un grand nombre de Français sur la capacité d'un chef d'État à garder son calme."

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV