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Allocution d'Emmanuel Macron: une entrée en campagne qui ne dit pas son nom

Emmanuel Macron depuis l'Élysée ce mardi 9 novembre 2021.

Emmanuel Macron depuis l'Élysée ce mardi 9 novembre 2021. - Christophe ARCHAMBAULT

Travail, nucléaire, retraites... Dans une allocution dessinant son bilan de fin de mandat, le chef de l'Etat s'est félicité de sa gestion de la crise sanitaire et a égrené les perspectives à venir.

Un exercice acrobatique. A l'occasion de sa neuvième allocution depuis le début de la crise du Covid-19, Emmanuel Macron est entré mardi soir dans l'arène électorale. Sur fond de drapeaux français et européen, son intervention solennelle depuis l'Elysée ne trompe pas.

"Il a voulu profiter de cette attention de beaucoup de Français liée à la situation sanitaire pour leur parler aussi politique", analyse Philippe Corbé, chef du service politique de BFMTV, ce mercredi sur notre plateau.

Au cours d'une trentaine de minutes, il a d'abord revêtu son costume de chef de guerre, rappelant les Français à l'ordre. Après avoir pointé que "nous n'en avons pas terminé avec la pandémie", le chef d'Etat a annoncé conditionner le pass sanitaire à la dose de rappel des plus de 65 ans. Surtout, il a consacré les deux tiers de son allocution aux allures de discours de campagne pour se féliciter de son bilan de ces derniers mois et égréner les mesures à venir.

Macron soigne son bilan

Le président s'est livré à une promotion de son bilan économique et social pendant l'épidémie. "Nous sommes l'un des seuls pays du monde où le pouvoir d'achat a continué à progresser en moyenne et où la pauvreté n'a pas augmenté", a-t-il revendiqué, soulignant une prévision de croissance plus élevée que prévu pour 2021 (6,25 % contre 6%).

Pour Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique de BFMTV, Emmanuel Macron "fait parler les chiffres qui l'arrangent", surtout sur les chiffres de l'insécurité et de la violence. Mais l'éditorialiste nuance les thèmes de l'amélioration du pouvoir d'achat, qui n'est pas toujours ressenti par les ménages, et la pauvreté, qui n'a pas regressé non plus.

"Sur les déficits le président va plus vite que la musique", pointe-t-il, ce sera 8.1% d'ici la fin de l'annonce, contre les 5% annoncés.

"Il rentre en campagne sans le dire, plutôt à droite"

Travail, nucléaire, retraites... Pour Philippe Corbé, le presque-candidat n'a pas choisi ces temps forts par hasard.

"Il n'est pas officiellement candidat mais il rentre dans des débats présidentiels, des débats qui agitent notamment la droite (...) d'une certaine manière, il rentre en campagne sans le dire", précise le chef du service politique de BFMTV.

Des déclarations sans surprise, prononcées sur un ton autoritaire, pour parler à ceux qui penchent à droite. A l'instar de la suspension des allocations de l'assurance-chômage en cas de non-emploi pendant les six mois des deux dernières années, ou de la relance du nucléaire.

Quant à la "mère des réformes", celle des retraites, définitivement enterrée mardi, elle pourrait renaître de ses cendres pendant la campagne, le président de la République évoquant des "décisions claires qui devront être prises dès 2022".

Emmanuel Macron a conclu son discours quasi comme un meeting, élogieux sur la France, "forte de son histoire, de sa langue, de sa culture, de sa laïcité." Comme une réponse à un certain rival débarqué de sa droite.

"Le discours sur l'optimisme, 'n'ayez pas peur', 'croyez en la France', le retour du nationalisme, c'est une forme de réponse politique, un contre-récit à Eric Zemmour", analyse Philippe Corbé.

Une réponse d'un quasi candidat à un autre.

Nina Jackowski